Dans le village de Saint-André de Sangonis dans l'Hérault, les habitants n'ont plus l'autorisation de consommer de l'eau potable depuis plus d'un mois. Si un nouveau système de filtre est en phase de test, les personnes concernées se montrent méfiantes à l'idée de reconsommer l'eau du robinet.
Elle avait d'abord été déconseillée aux enfants, puis à l'ensemble de la population. À Saint-André-de-Sangonis, dans l'Hérault, l'eau est totalement interdite à la consommation depuis le 18 octobre 2023.
En cause, un taux de manganèse dans l'eau supérieur aux seuils autorisés. Dans ses résultats du 12 octobre, l'Agence régionale de santé a relevé des mesures allant de moins de 10 microgrammes par litre à 1017 dans le réseau de distribution de la commune. La norme autorisée est de 60 microgrammes par litre pour les enfants de 0 à 3 ans inclus, et de 300 pour la population générale, indique l'ARS.
Un système de filtration est actuellement en phase de test dans la commune. "Nous avons réalisé des tests pour ce nouveau système, qui pour nous sont positifs, réagit ce jeudi 23 novembre Olivier Servel, vice-président en charge de l'eau et de l'assainissement au sein de la communauté de communes Vallée de l'Hérault. Nous attendons simplement le retour de l'ARS pour pouvoir réautoriser la consommation". Positif, c'est-à-dire que le manganèse est repassé sous les seuils critiques.
Sur son site internet, la collectivité note un dépassement de ces seuils depuis fin 2022. Elle évoque plusieurs causes possibles, notamment "la réhabilitation du château d'eau", "la vétusté de certaines canalisations" ou "une augmentation des concentrations avec l’abaissement de la nappe".
Des packs d'eau distribués aux habitants
Une interdiction qui a modifié le quotidien des habitants de la commune depuis un peu plus d'un mois. "On nous donne des packs d'eau le lundi et le jeudi, mais vu le nombre que l'on est, ce n'est jamais assez", explique Ludo Ortis, père d'une famille de sept enfants, à notre journaliste Faustine Magnetto. Pour leur faire prendre le bain, il doit chauffer l'eau dans une marmite.
Une situation qui impacte également les professionnels de la commune. "C'est un peu compliqué en ce moment, d'autant plus avec l'inflation, commente Christian Martinez, boucher à Saint-André-de-Sangonis. Il présente une blanquette de veau réalisée "avec de l'eau potable" : "On travaille quand même, mais difficilement. On doit être à 5 ou 6 % de chiffre en moins par rapport à l'année dernière", explique-t-il.
Pour certains des habitants rencontrés, les incertitudes ont également entraîné une perte de confiance. "On ne croit plus personne, puisqu'on nous dit une chose, puis une autre", estime Ludo Ortis. Lui précise ne plus vouloir boire de l'eau du robinet, même en cas de retour à la normale.
“Les gens vont être méfiants, puisqu’on ne leur a pas donné toutes les infos. Donc forcément, quand on ne dit pas tout au départ, on est méfiants", complète également Zhor Boudia, une habitante du village.