Inspiré du judo, cet art martial connaît un succès grandissant en France et la championne Anne Roussel, originaire de Frontignan dans l'Hérault, espère bien aller le prouver aux prochains championnats du monde qui se dérouleront du 31 août au 4 septembre prochains aux Etats-Unis.
"J'ai craché mes poumons mais c'était super, et ce soir, c'est technique et combat !", s'enthousiasme Anne Roussel, en sortant de son entraînement matinal. Championne de France et d'Europe de Jiu-jitsu Brésilien (JJB), la cinquantenaire originaire de Frontignan (Hérault), où elle s'entraîne deux fois par jour, a en ligne de mire les prochains championnats du monde à Las Vegas (Etats-Unis), du 31 août au 4 septembre 2023. L'occasion de se dépasser et de contribuer à populariser cet art martial montant en France.
Un sport en pleine expansion
Le JJB, parfois surnommé le "jeu d'échecs humain", est un sport de combat, dérivé du judo et développé au Brésil, qui a notamment gagné ses lettres de noblesse en s'imposant comme la discipline la plus efficace lors des premières compétitions d'Arts Martiaux Mixte (MMA, des combats en cage où presque tout est permis). Sa spécialité : les techniques de combat au sol, à base de compressions, clés articulaires et strangulations. Aux JJB, seules les frappes sont proscrites.
Je le fais pour me prouver que j’en suis capable, pour rendre fière mon équipe et pour apporter plus de visibilité au JJB.
Anne Roussel, championne de France et d'Europe de Jiu-Jitsu Brésilien (ceinture bleue)
Apparue en France il y a 25 ans, la discipline a rejoint la fédération de judo en juillet 2021. Si elle reste bien moins médiatisée que le très populaire sport japonais, elle jouit d'un important effet de mode. "Nous avons passé cette année la barre des 15 000 licenciés, contre 8 500 il y a un an, et nous espérons atteindre les 25 000 l'an prochain", expose la confédération française de JJB.
Ces chiffres sont encore loin de l'engouement rencontré au Brésil ou aux Etats-Unis, où enseigne la famille Gracie, à qui on doit la discipline. "Ça reste un sport nouveau, surtout par rapport au Judo, poursuit la confédération. Il prend du temps à être médiatisé, on a formé une équipe nationale seulement l'année dernière et le niveau de technicité requis le rend moins lisible pour le grand public. De loin, on dirait juste deux personnes qui se roulent par terre, alors qu'au judo, tout le monde sait que le premier qui fait tomber l'autre gagne."
La plupart découvrent le JJB par l'intermédiaire du MMA, à l'image d'Anne Roussel, qui en apprécie l'aspect moins traumatisant. "Ça me convenait mieux, car j'en avais un peu marre de prendre des coups au bout d'un moment, rigole l'ancienne infirmière. C'est moins violent et je trouve ça plus technique."
Des compétitions ouvertes
Même si elle ne peut prétendre au soutien financier de la fédération du fait de son âge et de son grade, Anne Roussel, qui concoure en ceinture bleue, compte bien allez représenter la France au championnat du monde dans un mois, d'habitude trusté par les Américains et Brésiliens.
"Je n'ai pas encore de sponsor. Je n'en fais que depuis trois ans, et avec mes 50 ans, je ne suis clairement pas l'avenir de ce sport, même si j'ai tout remporté aux derniers championnats de France et d'Europe." Cela ne l'a pas non plus empêché de passer le diplôme de formatrice.
C'est un sport très ludique, accessible à tous et qui présente un risque de blessure moindre que beaucoup d'arts martiaux.
David Giorsetti, président de la Confédération française de JJB
De par la multitude de catégories, en fonction de l'âge, du poids et du grade, le JJB a cet avantage, par rapport à la plupart des sports de combat, de permettre à chacun de pouvoir tenter sa chance lors de grandes compétitions (même avec une simple ceinture blanche) et de participer aux combats les plus équilibrés possibles.
Pour soutenir financièrement la compétitrice, qui a dû payer de sa poche le billet d'avion et l'hôtel, une cagnotte est ouverte en ligne jusqu'au 15 août.