Dès ce mercredi 24 mai, une vingtaine de photographes exposeront, à Sète, dans l’entrepôt Larosa, leur vision de la France. Tous ont travaillé pendant trois années sur le projet "La France vue d'ici". Etapes d'un travail photographique destiné à cette année présidentielle.
Trois ans
C’est quoi la France au fait ? Et c’est qui aussi ? Et si cette France que tout le monde vit était différente lorsqu’on la regarde vraiment ? Et si on prenait juste le temps de l’observer ? Le temps photographique, bien sûr. De tous ces questionnements est née La France vue d’ici. A partir de mercredi, une vingtaine de photographes exposeront, à Sète, dans l’entrepôt Larosa, leur vision de la France. Tous ont travaillé pendant trois années sur le projet, duquel a découlé un livre, un film aussi. L’occasion de faire un léger retour en arrière. Mérité.
L’histoire commence dans les couloirs du journal Libération il y a une quinzaine d’années. Sophie Dufau croise Gilles Favier. Une première prise de contact qui les amène, au début de l’année 2014, à se revoir. À Paris ou à Sète ? « Nos mémoires divergent », disent-ils. Mais c’était dans un café, un soir. Il y eut un lendemain. C’était la première étape.C’était dans un café, un soir
Au commencement, la désormais rédactrice en chef adjointe chez Mediapart et le directeur artistique du festival ImageSingulières créent “La France vue d’ici” afin de « rendre compte par l’image de la société française aujourd’hui », livre Sophie Dufau. Tous les deux sont à la genèse de ce doux projet. Dans cette France où près de neuf millions de personnes « sont statistiquement déclarées pauvres », ils rêvent de photographies représentant la société aujourd’hui. C’était la deuxième étape.Rendre compte par l’image de la société française aujourd’hui
Quelques mois plus tard, en septembre, le site La France vue d’ici voit le jour. Seulement quatre photographes sont exposés : Yohanne Lamoulère et son amour pour les quartiers nord de Marseille. Pablo Baquedano et ses quatre saisons dans les Ardennes. Vladimir Vasilev, photographe bulgare, qui a fait de Sivens, sa zone à comprendre. Et Jacob Chetrit qui a partagé le quotidien d’une famille Rom logée à Toulouse. C’était la troisième étape.
De 4 à 25 photographes
Pendant deux ans, l’équipe de “La France vue d’ici” se renforce. 25 photographes sont sélectionnés pour participer au projet global et certains travaillent en binôme avec des journalistes. Un projet que Sophie Dufau et Gilles Favier ont créé à leur image : engagé, volontaire et enthousiaste « malgré une crise financière devenue sociale et qui, dès 2008, a bouleversé la vie de nombreux habitants du pays ».
Et pour financer l’ensemble du projet, ils ont recours à une campagne de crowdfunding : « Ça n’a pas été simple, une vraie galère. On a du faire trois collectes au total ». 60 000 euros indispensables à l’installation des 300 photos présentées dès le 24 mai dans l’entrepôt Larosa de Sète. C’était la quatrième étape.
Depuis le début de la semaine, les volontaires et le staff s’affairent à l’installation de l’entrepôt au bord du canal de « La petite Venise ». Les conteneurs se parent des centaines de clichés représentant notamment la France de Patrice Terraz, qui a côtoyé des jeunes lycéens victimes de décrochage scolaire. Nadège Abadie, elle, a suivi Sébastien, 19 ans, qui s’est engagé dans l’armée.Ça n’a pas été simple, une vraie galère. On a du faire trois collectes au total
Le lycée hôtelier Savoie Léman et ses classes d’apprentissages ont également leur place grâce à Joseph Gobin. La balade au coeur de l’exposition mène aussi à Raphaël Helle, qui a tiré le portrait des ouvriers de l’usine Peugeot de Sochaux-Montbéliard. « Derrière la marque, se cachent des ouvriers dont on ne parle pas. Avec ces portraits, j’ai voulu rendre visible l’invisible », raconte le photographe qui installe dans son box, ses derniers clichés. C’était la cinquième étape.
Rendre visible l’invisible
Rendre visible l’invisible, mettre en lumière les oubliés, c’est ainsi que Sophie Dufau et Gilles Favier ont imaginé l’exposition « La France vue d’ici ». L’apothéose de trois ans de travail et un clap de fin dont la date n’a pas été choisie par hasard. 2017, l’année de l’élection présidentielle. « On a constaté que les sujets abordés dans l’exposition n’ont été traités ni par les médias, ni par les candidats lors de la campagne », relève Sophie Dufau. Une exposition qui fait office de caisse de résonance d’une société souvent mise de côté.
Sixième et dernière étape : mercredi 24 mai pour le début de l’exposition.
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