Vendredi 10 avril, le maire de Sète a pris la décision controversée de renforcer les contrôles à l'entrée de la ville pour contenir les éventuels flux de touristes, pendant le week-end de Pâques.
"Non, la ville n'est pas coupée du monde !" Jointe par téléphone ce samedi 11 avril, la mairie de Sète s'amuse des gros titres de la presse quotidienne régionale.
La veille, le maire François Commeinhes, en accord avec le département, l'adjoint à la sécurité et la police municipale, a pris la décision de fermer l'entrée de Sète via la RD2. Cet arrêté municipal court du vendredi 10 avril à 18 heures jusqu'au dimanche 3 mai pour "éviter l'afflux de visiteurs pendant les vacances scolaires." Une déviation a été mise en place pour permettre aux voitures de gagner la ville par les deux autres accès.
Ces deux entrées, à savoir la route du Lido et la route de Montpellier, devaient initialement faire l'objet de contrôles renforcés de la police nationale et municipale, en ce week-end de Pâques. "L'idée était de vérifier les attestations de déplacement dérogatoires pour filtrer les touristes", précise-t-on à la mairie.
Le maire de Sète rappelé à la loi
Mais c'est justement ce dernier point qui a posé problème au préfet de l'Hérault, Jacques Witkowski.Vendredi soir, le préfet de l'Hérault Jacques Witkowski a donc contacté le maire François Commeinhes pour le rappeler à la loi.Le maire n'a pas autorité pour demander des contrôles systématiques de la part de la police nationale à un endroit ciblé, en faisant barrage grâce à une déviation. C'est au préfet de prendre ce genre de décision", explique-t-on à la préfecture. "Le rôle de la police nationale n'est pas d'empêcher les gens d'aller et venir, mais de veiller au respect des règles liées au confinement.
Du côté de la mairie, on se défend d'entraver la liberté de circulation. D'ailleurs ce samedi, des policiers municipaux, qui dépendent de l'autorité de la commune, étaient postés aux entrées de Sète. Depuis le début du week-end, pas moins de six voitures ont été priées de faire demi-tour, selon leurs informations : n'ayant pas de raisons valables de se rendre à Sète, les passagers des véhicules ont également écopé d'une amende de 135 euros pour non-respect du confinement.
Des touristes présents à Sète depuis le début du confinement
Depuis le 17 mars dernier, les Français ont pour consigne de rester chez eux. Le 1er avril dernier, le ministre de l'Intérieur a rappelé que le début des vacances pour la zone C n'était pas un prétexte pour déroger à la règle.
Dès le week-end du 4 avril, la police nationale a eu pour consigne de renforcer les contrôles en gare de Sète. Du côté de la police municipale, on a également accru la vigilance. Nous avons constaté que beaucoup de touristes étaient passés entre les gouttes depuis le début du confinement, justifie la ville.
Pour la mairie de Sète, la décision de restreindre la circulation a été prise après un appel de la directrice du Centre Hospitalier du Bassin de Thau, ce jeudi 9 avril. "Elle a fait part de son inquiétude au maire : ces derniers jours, elle a vu des touristes arriver à l'hôpital. Outre la peur de la propagation du virus, elle craignait que les services réservés au Covid-19 soient rapidement saturés."
Selon la directrice de l'hôpital, Claudie Greslon, trois touristes potentiellement porteurs du Covid-19 ont franchi les portes de l'établissement hospitalier cette semaine. Leurs symptômes étant sans gravité, ces derniers ont eu pour consigne de rentrer se confiner dans leur lieu de résidence pour les vacances. Toutes pathologies confondues, les urgences ont accueilli 25 personnes ne résidant pas à Sète cette semaine.
Le Centre Hospitalier du Bassin de Thau compte actuellement 38 personnes hospitalisées et 6 personnes en réanimation à cause de l'épidémie de coronavirus.