Inquiet face aux décisions prises par la direction du centre hospitalier du bassin de Thau, le syndicat Force ouvrière appelle le personnel à manifester ce jeudi 21 octobre à 13h devant l'établissement de Sète.
12 millions d’euros de déficit, fermeture de lits, transfert de personnels, problème de recrutements faute de candidats… En cette fin 2021, la direction des hôpitaux du Bassin de Thau (HBT) fait face à de nombreuses difficultés qui la pousse à prendre des décisions drastiques. Les conséquences inquiètent le personnel et le syndicat majoritaire Force Ouvrière.
Des coûts trop élevés
« Le centre hospitalier du bassin de Thau est en déficit récurrent depuis 2012, mais c’est la première fois qu’il est de cet ampleur », confie Claudie Greslon, directrice des HBT, qui confirme le montant du déficit prévisionnel estimé à 12 millions d’euros pour 2021. Selon la direction, cette augmentation s’explique par plusieurs facteurs, notamment liés à la crise sanitaire comme les surcoûts engendrés par l’indemnisation des congés non-pris, le recrutement de renforts ou l’achat d’équipements médicaux.
Des dépenses, qui ne sont compensées que « partiellement » par l’Etat, selon Claudie Greslon. « Aujourd’hui, les aides Covid que nous percevons ne nous permettent de couvrir que les 4 premiers mois de l’année. Les équipements sanitaires comme les masques ou le gel qui nous étaient fournis par l’Etat sont désormais à notre charge avec des prix qui sont parfois multipliés par 10 », affirme la directrice.
Des salariés épuisés physiquement et moralement
A cela s’ajoute des conditions de travail « dégradées » et pointées du doigt par le syndicat Force Ouvrière, majoritaire au sein du centre hospitalier du bassin de Thau. « Avec la crise, on a vu une grosse augmentation de charge de travail », affirme Sébastien Mazel, secrétaire départemental de Force Ouvrière Hérault.
Au printemps 2021, les hôpitaux du bassin du Thau ont connu une vague importante de cas de Covid, avec plus de 500 patients pris en charge par l’établissement. Avec l’été et l’afflux de touristes dans l’Hérault, ce nombre est resté assez élevé avec 130 patients. « Depuis septembre, il est en baisse. Nous n’avons plus que 3 lits occupés aujourd’hui », assure Claudie Greslon.
Pour faire face à cette surcharge d’activité, « tout le monde a retroussé les manches malgré le manque de matériel », assure Sébastien Mazel. Et malgré les aides Segur à hauteur de 283 euros net par mois et une majoration des heures supplémentaires pour le personnel, « les heures s’accumulent et fatigue physique et psychologique se font ressentir dans les services », affirme le secrétaire départemental de Force Ouvrière Hérault.
D’autant que les mesures Segur ont un coût pour les hôpitaux du bassin du Thau
Ces révisions à la hausse des aides impliquent pour nous une augmentation de la taxe sur les salaires qui représente à elle seule 650 000 euros de budget.
Fort absentéisme
Le centre hospitalier du bassin de Thau souffre également d’un manque de personnel. Sur les 1.270 membres du personnel, plus de 30 salariés manquent à l’appel. En cause notamment, la vaccination obligatoire : sur ces 30 salariés, 14 ont été suspendus pour refus de vaccination. « On a connu un fort taux d’absentéisme cet été avec les vacances. Mais depuis la reprise en septembre, beaucoup ne sont pas revenus », explique Claudie Greslon.
L’entrée en vigueur de la loi Rist, le 28 octobre, qui plafonne le salaire des médecins en intérim ne vient qu’accentuer le manque de personnel. A Sète, ce sont des contrats de ce type qui sont utilisés dans des services en tension comme la Réanimation. « Certains médecins refusent désormais de venir travailler en raison de ces nouvelles conditions salariales », confie la directrice du centre hospitalier de Sète.
De plus, alors que l’hôpital de Sète est en recherche active de personnel médical (infirmières, infirmiers…) pour combler ce manque de bras, les candidats se font de moins en moins nombreux aux recrutements. « Habituellement, on rencontre une forte baisse de candidature aux alentours de février/mars, mais là c’est dès septembre », explique Claudie Greslon.
Pour Sébastien Mazel, cette absence de candidats s’explique notamment par le manque d’attractivité du secteur public par rapport au privé depuis plusieurs années : « Il faut essayer de faire connaître un maximum les aides Segur, qui représentent un gain considérable sur le long terme dans une carrière », précise Sébastien Mazel.
Incertitudes en cas de retour de l’épidémie
Face à un déficit qui ne cesse de se creuser et à l’impossibilité de combler les postes vacants, la direction des HBT prend des décisions qui inquiètent les syndicats : le nombre de lits en réanimation est passé de 12 à 8 et 10 lits ont été transférés vers un autre service. « Notre objectif pour le moment, c’est de préserver le service Chirurgie tout en assurant normalement l’accueil des patients », assure Claudie Greslon.
En cas de reprise de l’épidémie, le personnel s’attend au pire : réduction de certaines unités, fermetures définitives de lits voire même suppressions de postes. « C’est dramatique. On a vu les conséquences des fermetures de lits en réanimation ces derniers mois. Ce n’est pas aux soignants de subir les répercussions du Covid. C’est à l’hôpital et surtout au gouvernement de prendre ses responsabilités », affirme Sébastien Mazel.
Devant cette situation d’incertitude et en attente de solution, Force Ouvrière appelle le personnel des hôpitaux du bassin de Thau à manifester ce jeudi 21 octobre dès 13h devant l’établissement de Sète. Le syndicat a également sollicité un rendez-vous avec l’Agence régionale de santé et les élus locaux.