À Sète, en marge de la Saint-Louis qui ouvre ses festivités, Vivi Navarro est l'artiste qui signe l'affiche de l'événement. La présence d'une femme est plutôt rare dans le milieu des joutes, traditionnellement masculin. L'artiste est une Sétoise empreinte du goût de la mer et des voyages.
À Sète, Vivi Navarro se cache dans le quartier haut. Dans son atelier, elle fait voyager ses crayons. On la regarde et on l'écoute dessiner. Ce bruit, c'est celui de la mine sur une voile russe. Les supports utilisés par Vivi Navarro viennent de la mer. Comme des cartes marines du 19e siècle.
"Il faut être cinglé pour monter en haut de la tintaine"
"Les cartes marines sont poreuses. Pour travailler la technique sèche, c'est un bonheur, j'adore ! Et puis c'est tout un voyage aussi. Rien que la carte marine, c'est déjà un voyage", s'exclame Vivi Navarro.
Depuis l'âge de 12 ans, Vivi Navarro est fascinée par tout ce qui va sur l'eau : des cargos, des barques... Dans son atelier, on trouve des cordages, des poulies mais aussi ce pavois de jouteur. C'est lui qui a servi de modèle pour l'affiche de la Saint-Louis.
"Je me suis dit : je vais faire un gros plan de cette cicatrice-là sur le pavois, pour montrer aux gens que c'est un peu fou les joutes nautiques. Il faut être cinglé pour monter en haut de la tintaine, le dernier morceau là-haut, se mettre en fente avant et attendre de se faire dézinguer par une lance de deux mètres et un trident en fer !", s'enflamme la Sétoise.
Carnets de voyages
Sur cette affiche, réaliste et rugueuse, il y a aussi les signes de la navigation. Ce n'est pas un hasard pour l'artiste. Chaque tableau est une invitation au voyage. Au sens propre, la Sétoise est toujours prête à embarquer.
"Je prépare un carnet par voyage, je prépare tous les outils, je vérifie bien et au dernier moment je mets mes habits dans le sac. Mais c'est d'abord les outils et c'est d'abord de quoi dessiner, écrire, photographier", confie-t-elle.
Vivi Navarro enchaîne les projets. Après l'affiche de la Siant-Louis, c'est elle qui signe celle du Festival de Flamenco de Montpellier, en novembre prochain.
Écrit avec Jean-Michel Escafre.