2 affaires en 1 mois se terminent par la remise en liberté des meurtriers présumés. Les familles sont à bout.
Sérignan (34) : émotion des parents de Thomas
Emotion de la famille de Thomas 17 ans. Il a été tué en juillet 2010 lors d'une fête votive à Sérignan. Son meurtrier présumé, après deux ans de détention provisoire, a été libéré.
Après la remise en liberté de deux meurtriers présumés, deux familles de victimes héraultaises ont dénoncé, mardi à Montpellier, la lenteur de la justice, confrontée aux délais de l'instruction et aux durées maximales de détention provisoire prévues par le code pénal pour les mineurs. Le procureur de Béziers se défend.
Jean-Didier T., mineur au moment des faits, qui a avoué avoir, dans la nuit du 17 au 18 juillet 2010, donné sept coups de couteau à Thomas Laché, 17 ans, lors de la fête votive de Sérignan (Hérault), devait sortir de la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone mercredi au plus tard, à l'expiration de ses deux années de détention provisoire.
Le 20 juin, l'agresseur présumé, âgé de 16 ans aujourd'hui, de Carla, 13 ans, morte après avoir reçu deux coups de poing devant le collège de Florensac (Hérault) un an auparavant, probablement en raison d'une rivalité amoureuse, avait lui recouvré la liberté après un an de détention.
"Aujourd'hui, on nous tue une deuxième fois notre fils", a déclaré Gisèle Laché, déplorant que cette libération survienne exactement à la date anniversaire de la mort de son fils Thomas, tué après une simple dispute verbale avec la petite amie du meurtrier présumé.
"Le problème, c'est qu'on remet en liberté un garçon considéré, selon les experts, comme potentiellement dangereux car il peut recommencer", a souligné René Mouginot, l'oncle de Thomas, rappelant que ce garçon "a fait parler de lui en détention" et a dit, en cours de procédure, qu'il "voulait faire le djihad".
Il y a quelques semaines, le suspect, aujourd'hui majeur, était parvenu à introduire en prison un téléphone portable et à publier sur son profil Facebook une photo le montrant torse nu dans sa cellule. Une enquête a été ouverte sur ces faits par le parquet de Montpellier.
Les avocats et les parents des victimes accusent
"Comment la justice biterroise n'a-t-elle pas pu tenir les délais qui concernent les affaires de mineurs ?", a interrogé Me Luc Abratkiewciz, l'avocat des deux familles, soulignant que ce dossier, comme celui de la mort de Carla, sont instruits par le même cabinet d'instruction.
"C'est une aberration. On a l'impression que la justice s'occupe plus des assassins que des victimes. On nous avait pourtant promis que tout irait vite et que le jugement interviendrait dans l'année", a déclaré Sébastien Figueras, le père de Carla, joint au téléphone par l'AFP.
"La justice nous tourne le dos. Il y a un manque de rigueur, de célérité. On ne peut pas toujours se réfugier vers le manque de moyens. Pour la justice, Thomas, ce n'est pas une personne, c'est un numéro. Il faut que cette juge rende des comptes", a dit Sophie Laché, la soeur de la victime.
Sérignan (Hérault) - les parents de Thomas tué à 17 ans en juillet 2010 lors de la fête votive - 18 juillet 2012
Le justice se défend
Interrogé par l'AFP, le procureur de Béziers, Patrick Mathé, a défendu l'instruction menée par deux juges successifs, assurant que les deux dossiers étaient prêts à être jugés, mais qu'il a fallu respecter le délai de détention maximale des deux mis en cause, mineurs au moment des faits, soit deux ans pour l'un et un an pour l'autre.
Soulignant en avoir informé les familles de victimes, alors que ce n'est pas obligatoire, le magistrat s'est dit prêt à recevoir la famille Laché pour leur expliquer la procédure et a estimé que le retard provenait aussi des actes demandés par la partie civile, notamment une contre-expertise psychiatrique.
En attendant leur comparution aux assises, les deux jeunes sont soumis à des contrôles judiciaires stricts. L'agresseur présumé de Carla est hébergé dans un foyer dévolu aux adolescents difficiles dans le sud-ouest. Le meurtrier présumé de Thomas est dans sa famille en Ardèche, avec un bracelet électronique.