Le père du jeune homme avait prévenu les gendarmes, vendredi soir, que son fils voulait se rendre et s'expliquer
Le jeune père de famille de 21 ans qui avait, selon son ex-compagne, jeté au sol mardi après-midi leur bébé de huit mois, décédé des suites de ses blessures, a mis un terme à sa cavale en se rendant samedi matin aux gendarmes de Bessèges dans le Gard.
Selon le procureur de Nîmes, Robert Gelli, le père du jeune homme a contacté les gendarmes vendredi soir pour les avertir que son fils souhaitait se rendre et expliquer ce qui s'était passé. Un rendez-vous a alors été fixé à samedi 8H30 à la gendarmerie de Bessèges et ce rendez-vous a été honoré, a ajouté M. Gelli.
Le jeune homme, un étudiant en 2e année d'histoire, solitaire, proche de la nature, capable de vivre de manière rustique et qui connaissait parfaitement la région de Bessèges, une zone forestière très dense, a été placé en garde à vue, selon la même source.
Pour l'heure, aucun détail sur sa version des faits et l'endroit où le meurtrier présumé a passé ses trois jours de fuite n'a été révélé.
L'information judiciaire qui devait être ouverte vendredi pour "homicide volontaire" ne l'a pas été du fait de l'appel du père du jeune homme en fuite et elle sera ouverte au moment où il sera présenté au juge d'instruction, a précisé le procureur de Nîmes.
Selon les déclarations de la mère du bébé, son compagnon, dont elle était séparée depuis le mois de mai, a jeté à deux reprises le bébé au sol, mardi vers 16H30, au cours d'une dispute qui a débuté parce qu'elle voulait mettre de la crème solaire à l'enfant.
Alors que le couple était parti se promener, le père serait ainsi entré en fureur car à ses yeux la crème solaire était inutile, la peau de l'enfant devant s'habituer au soleil, avait expliqué M. Gelli dès le lendemain du drame, rappelant que le récit des faits reposait essentiellement sur les déclarations de la mère.
Les constatations médico-légales avaient confirmé que le bébé avait bien été victime de deux chocs à la tête, selon une source judiciaire.
"J'ai entendu les cris du bébé, puis plus tard, j'ai entendu la mère crier: "Il a tué mon bébé! Il a tué mon bébé!". Ensuite, la gendarmerie et les pompiers sont venus", avait raconté une témoin à France 3 Languedoc-Roussillon.
La jeune mère était arrivée dans le Gard le matin même, afin que son ex-compagnon puisse être auprès de son fils qu'il n'avait pas vu depuis la séparation du couple et elle avait l'intention de rester quelques jours. Mais, dès le repas de midi, les dissensions entre les jeunes gens étaient réapparues.
Végétalien, ne possédant ni téléphone portable ni carte bancaire ni matériel informatique, le jeune père était décrit comme un proche de la philosophie de la décroissance qui prône une limitation du développement économique pour préserver l'environnement.
Après les faits, il avait pris la fuite torse nu, seulement vêtu d'un short noir ou d'un sarouel, selon les sources, et de sandales. Vu pour la dernière fois mercredi vers 10H00 près de Florac (Lozère), il avait été depuis signalé à de nombreux endroits, notamment à Mende et jusque dans un camping du Cantal. Il faisait l'objet d'intenses recherches menées par quelques 80 gendarmes appuyés par un hélicoptère.
Un appel à témoins avait également été lancé et sa photo diffusée par la gendarmerie.
Les enquêteurs avaient également envisagé l'hypothèse d'un suicide, le jeune homme, grand voyageur, ayant déjà tenté d'attenter à ses jours lors d'un récent voyage en Inde.
Pour le procureur de la République de Nîmes, le drame est intervenu dans un contexte marqué par un profond désaccord des parents sur le mode de vie et l'éducation du bébé, antagonisme déjà à l'origine de la séparation du couple qui s'était formé sur les bancs de l'université de Tolbiac, dans le 13e arrondissement de Paris.