Le président PS du Languedoc-Roussillon a été jugé pour des faits supposés de favoritisme.
Deux mois de prison requis contre Bourquin
Deux mois de prison avec sursis ont été requis jeudi à Bordeaux, où le procès avait été dépaysé, contre Christian Bourquin, président PS du conseil régional du Languedoc-Roussillon et sénateur, pour des faits supposés de favoritisme remontant à 1999.
Deux mois de prison avec sursis ont été requis jeudi à Bordeaux, où le procès avait été dépaysé, contre Christian Bourquin, président PS du conseil régional du Languedoc-Roussillon et sénateur, pour des faits supposés de favoritisme remontant à 1999.
Elu à la présidence du conseil régional en novembre 2010 après le décès de Georges
Frêche, M. Bourquin est soupçonné d'avoir influencé la décision du conseil général en faveur de la société "Synthèse" de Pascal Provencel, présenté comme un de ses proches, pour l'obtention du marché de la communication de l'institution.
Deux mois avec sursis ont été requis également contre M. Provencel, et des amendes de 5.000 euros avec sursis et 3.000 euros avec sursis respectivement contre Jean-Pierre
Lanotte, ancien directeur des affaires financières et juridiques du conseil général, et Pierre Bolte, ex-responsable des achats du conseil général.
Selon l'instruction, les prévenus auraient favorisé M. Provencel, au détriment d'une dizaine d'autres candidats, dont aucun n'a cependant porté plainte, pour l'obtention du marché de la communication du conseil général. La question générale des marchés de communication avait été notamment évoquée entre M. Bolte et M. Provencel, ce qui pouvait avantager ce dernier.
M. Bourquin s'est défendu d'être intervenu dans la partie financière de ces passations de marchés, et a présenté comme anodines ses relations avec M. Provencel, même s'il le qualifie "d'homme exceptionnel" et que celui-ci en parle comme du "leader charismatique de la gauche dans les Pyrénées-orientales".
"Sa qualité d'élu exige une éthique"
Sur un week-end passé ensemble à la montagne : "C'était à l'invitation d'un ami commun. Je suis un marcheur et dès qu'on m'invite à marcher, j'y vais". Sur le fait qu'il est le parrain de sa fille : "En tant que président de conseil général, on vous attribue beaucoup de responsabilités" de cet ordre. Ou que son propre fils ait été employé à Synthèse : "Il y a fait un stage de quinze jours et n'a pas perçu de salaire".
Pour le vice-procureur Christian Lagarde, cependant, "toutes les décisions" prises dans cette affaire "portent la marque de Christian Bourquin", dont la participation "paraît majeure". "Sa qualité d'élu exige une éthique dont il ne me paraît pas avoir fait preuve", a assené le magistrat.
M. Lagarde a justifié cependant la relative modération des peines requises par "la personnalité (des prévenus) dont à l'époque aucun n'avait jamais été condamné".
Depuis, M. Bourquin a été condamné à 5.000 euros d'amende par la cour d'appel d'Aix-en-Provence, en novembre 2010, pour minoration de ses comptes de campagne en 2001.
Le procureur a demandé au tribunal de tenir compte aussi de l'ancienneté des faits, jugeant "dommage" de ne les apprécier que douze ans plus tard.
En filigrane, il a été aussi beaucoup question de l'ancien directeur de cabinet de M. Bourquin, Bruno Delmas, licencié en 2001 après s'être lui-même lancé en politique "dans le dos de M. Bourquin" selon l'avocat de ce dernier Me Yann Méric, et aujourd'hui délégué général du mouvement "Les Progressistes", du ministre de l'Industrie Eric Besson.
Il a été souligné que l'affaire avait été révélée par la presse quelques mois seulement après le licenciement de M. Delmas, dont les déclarations ont pesé sur l'instruction. M. Bourquin a observé que M. Delmas "ne pouvait pas voir M. Provencel en peinture" et souligné : "Tout le monde sait qu'il me hait".
Interrogé sur ses impressions par la présidente Caroline Baret à la fin de l'audience,
M. Bourquin a considéré que cette affaire était "injuste
et invraissemblable". Les quatre avocats ont plaidé la relaxe.
Le jugement sera rendu le 12 janvier.