Le four de fusion, qui a explosé le 12 septembre, contenait 500 fois plus de réactivité que celle déclarée par EDF
Marcoule (30) : la CRIIRAD poursuit CENTRACO
3 semaines après l'explosion d'un four, sur le site nucléaire de Marcoule, l'Autorité de Sûreté Nucléaire a publié un premier communiqué, classant cet accident en accident industriel grave de niveau 1. Le rapport met en évidence une radioactivité 500 fois supérieure à celle annoncée par Centraco.
L'explosion d'un four, qui avait fait un mort et quatre blessés le 12 septembre dans l'installation Centraco à Codolet (Gard), près du site nucléaire de Marcoule, a été classée au niveau 1 de l'échelle international des événements nucléaires (INES), d'après l'agence de sûreté nucléaire.
"Si les enjeux strictement radiologiques de cet événement sont limités", l'Autoritéde sûreté nucléaire (ASN) "considère toutefois qu'il s'agit d'un accident industriel grave en raison de ses conséquences humaines", selon un communiqué.
"L'application des critères relatifs à l'échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité) conduit à classer l'événement au niveau 1 sur cette échelle en raison de la faible activité radiologique du four de fusion", explique l'ASN.
En 2010, l'ASN a recensé 140 incidents de niveau 1 dans les diverses activités recourant à la radioactivité, en majorité dans les centrales nucléaires.
Un salarié du centre de traitement de déchets nucléaires Centraco avait été tué sur le coup dans l'explosion le 12 septembre d'un four servant à fondre des déchets métalliques. Les quatre blessés, dont un grave toujours hospitalisé en région parisienne, ne présentaient aucune trace de contamination radioactive, précise l'ASN.
Les mesures de radioactivité confirment l'absence d'impact radiologique sur les populations et l'environnement et le bâtiment de l'unité de fusion qui abritait le four n'a pas été endommagé.
500 fois plus de radioactivité
En revanche, les vérifications menées par l'ASN ont démontré que le four contenait près de 500 fois plus de radioactivité que l'exploitant, une filiale d'EDF, ne l'avait déclaré initialement.
"Il s'avère que le four de fusion contenait, au moment de l'accident, une charge d'environ 4 tonnes de métal pour une activité de l'ordre de 30 MBq (mégabecquerels) et non de 63 kBq (kilobecquerels)", précise l'Autorité. A titre de comparaison, le corps humain a une radioactivité d'une centaine de becquerels par kilo.
"Si cette valeur reste faible, l'ASN a cependant demandé à l'exploitant des explications sur les raisons de cette sous-évaluation" et a décidé de "soumettre à autorisation préalable le redémarrage des fours de fusion et d'incinération, qui avaient été arrêtés peu après l'accident".