Les restaurateurs et gérants de plages sont en colère contre la préfecture. L'annulation de soirées les inquiètent
Face à l'Etat qui a hissé le drapeau rouge contre les soirées sur les plages héraultaises, entraînant déjà l'annulation d'au moins six fêtes, certains patrons d'établissements s'inquiètent tandis que le maire de Sète réclame une adaptation de la réglementation.
Dans un courrier adressé le 14 juin aux maires des communes du littoral, la préfecture de l'Hérault a constaté que "de plus en plus, les gestionnaires des établissements de plage organisent d'importantes soirées sur le domaine public maritime".
Or, "ces manifestations qui peuvent rassembler des milliers de personnes sont proscrites", a-t-elle souligné, demandant aux mairies qui donneraient leur accord de n'autoriser les soirées qu'à la condition que celles-ci soient en "corrélation avec la capacité d'accueil des établissements concernés".
Ce rappel à la loi a été froidement apprécié par les patrons. A la Grande Motte, Pierre-Yves Bricon, propriétaire de la "Paillote Bambou", dit ne pas avoir entendu parler de cette lettre et indique qu'il fêtera bien le 16e anniversaire de son établissement, samedi, lors d'une soirée "secret party".
"Nous n'avons reçu aucune consigne de la mairie. Nos quatre soirées prévues ont été validées par la municipalité, qui nous autorise deux mille personnes", assure M. Bricon, tandis que Joël Ortiz, son voisin de la "Voile Bleue", n'a rien annulé non plus tout en affichant son agacement dans le quotidien Midi Libre.
A Sète, en revanche, une lettre comminatoire de la préfecture, le 12 juillet, a contraint à l'annulation de six soirées, dont une les 4 et 5 août à la "Voile Rouge", où 3.000 personnes étaient attendues. Une lourde perte pour l'organisateur qui avait payé des arrhes pour la venue d'une vedette des platines, le DJ Richie Hawtin.
Rocky Talana, patron du "Dôme" dans la même commune, craint aussi le "manque à gagner" alors qu'il avait obtenu de la mairie des autorisations pour "cinq soirées".
"On achète une paillote pour louer des transats et faire de la restauration. Mais les gens ont tellement envie de soirées à la plage qu'ils préfèrent rester plutôt que s'enfermer" en boîte de nuit, explique-t-il.
"Peut-être faut-il créer un statut spécial pour des paillotes qui feraient uniquement discothèques", propose M. Talana, conscient que la concurrence joue en faveur des établissements de plage car les boissons nocturnes s'y vendent moins cher.
Même s'ils ne le disent pas officiellement, ces restaurateurs, sans aller jusqu'au "beach parties" qui ont fait la célébrité de certaines paillotes comme l'ex-Voile Rouge à Ramatuelle (Var), comptent sur les soirées pour augmenter leur fréquentation.
Ce qui fait dire à François Commeinhes, maire UMP de Sète, que ces fêtes sont "un des enjeux majeurs pour l'attractivité des communes du littoral".
Et s'il existe "un flou juridique", il y a urgence à obtenir du gouvernement "une réglementation adaptée à la réalité du terrain".
Mais René Colomban, président de la Fédération nationale des plages restaurants (FNPR) et propriétaire d'un établissement à Nice, botte en touche: "Ces plages se considèrent plus comme des discothèques et aucune des plages concernées n'est membre de la Fédération", a-t-il déclaré.