Le couple d'étudiants faisait un barbecue au lac des Bouillouses et s'était dénoncé.
Un couple d'étudiants lyonnais est jugé mercredi à Perpignan pour avoir déclenché par imprudence avec un barbecue un des plus graves incendies de l'été dans les Pyrénées-Orientales, un sinistre pour lequel ils s'étaient dénoncés d'eux-mêmes.
Le feu avait ravagé 80 hectares de forêt de sapins à 2.100 mètres d'altitude pendant près de cinq jours fin août, et mobilisé des dizaines d'hommes et plusieurs avions bombardiers d'eau.
Alors que souvent les incendiaires aux intentions criminelles restent introuvables, les auteurs, un jeune homme et une jeune femme de 21 ans, apparaissent comme des gens bien sous tous rapports, qui ont appelé les secours et se sont rendus le jour même aux gendarmes.
L'acte qui a tout déclenché à Angoustrine, au nord du lac des Bouillouses, non loin de Font-Romeu - la cuisson d'un poisson pêché dans le lac sur un petit barbecue du commerce prévu pour les bivouacs -, a eu de telles conséquences qu'ils sont passibles de cinq ans de prison et 100.000 euros d'amende.
Ils avaient passé 48 heures en garde à vue, mais avaient été relâchés par le juge contre l'avis du parquet, et convoqués devant le tribunal pour destruction involontaire par incendie, avec deux circonstances aggravantes : manquement délibéré à une obligation de sécurité et de prudence, et dommage irréversible au milieu naturel.
Leur avocat perpignanais, Me Philippe Capsié, espère obtenir "l'indulgence du tribunal" en faisant valoir que les deux étudiants en BTS ont "fait amende honorable" immédiatement et sont "prêts à assumer les conséquences de leur imprudence". Le parquet a d'ailleurs reconnu que, lors de leur garde à vue, les jeunes gens n'avaient "pas tenté d'échapper à leurs reponsabilités".
"Il est évident qu'une peine de prison ferme est à exclure et qu'une peine alternative à la prison avec sursis semblerait indiquée, tels des travaux d'intérêt général", estime Me Capsié.
L'avocat souhaite écarter les circonstances aggravantes. Selon lui, "l'interdiction de faire du feu en forêt existe du 1er janvier au 31 décembre, mais il existe pourtant des dérogations; cela, associé au fait qu'ils avaient un barbecue acheté dans un magasin de découverte de la nature et apparemment adapté, a pu leur faire perdre la visibilité de cette interdiction".
La préfecture avait annoncé le jour du sinistre un risque "très sévère" d'incendie en raison de la sécheresse. Le parquet n'a pas indiqué mardi quelle serait sa position à l'audience, mais a précisé que les prévenus devraient aussi faire face à des parties civiles, comme le conseil général, dont relèvent les services d'incendie.
Ils risquent donc d'avoir à payer non seulement une amende mais aussi des dommages et intérêts à la mesure de l'incendie.