Le procès des irradiés d'Epinal qui s'est ouvert à Paris est suivi de près par ceux du CHU de Rangueil.
Toulouse: les irradiés de Rangueil.
Les irradiés de Rangueil suivent attentivement le procès des irradiés d'Epinal qui s'est ouvert hier à Paris et qui pourrait faire jurisprudence sur le montant des indemnités.
À peine plus d'une heure et puis s'en vont : la première audience expéditive au procès de l'accident de radiothérapie majeur, survenu à l'hôpital d'Épinal au début des années 2000, a surpris mais a permis de lancer des débats très attendus par les victimes et leurs proches.
La centaine de parties civiles qui s'étaient déplacées hier, principalement depuis la Lorraine, pour assister à l'ouverture du procès au tribunal de grande instance de Paris en sont désormais sûres : les sept prévenus (six personnes physiques et l'hôpital comme personne morale) seront bien jugés pour le plus grave accident de radiothérapie jamais survenu en France.
Les deux anciens médecins radiothérapeutes, le radiophysicien et les cadres de santé publique mis en examen étaient tous présents malgré une arrivée aussi discrète que possible pour éviter les sollicitations des nombreux médias.
Et si l'audience a duré à peine plus d'une heure, le temps pour les prévenus de retracer leur parcours professionnel, « le procès est sur les rails », s'est félicité Me Gérard Welzer qui défend près de 200 parties civiles.
Des surdoses de radiations
Un soulagement à la mesure de la soif de justice exprimée par les victimes et leurs proches : « Nous voulons que les coupables soient punis, je ne veux pas qu'il arrive la même chose à mes trois garçons », confiait Michel Houot, irradié lors de son traitement contre un cancer de la prostate à l'hôpital Jean-Monnet d'Épinal.
Comme lui, environ 450 patients de l'établissement ont subi, à des degrés divers, des surdoses de radiations lors de deux dysfonctionnements successifs : des erreurs de paramétrage d'un logiciel lors du passage à une nouvelle génération d'appareils en 2004 ; l'absence de prise en compte, dans le calcul final des radiations, des doses délivrées lors des contrôles radiologiques précédant le traitement lui-même, entre 2001 et 2006.
Une troisième erreur de moindre ampleur sur des patients traités entre 1989 et 2000, et non jointe à l'instruction, porterait le bilan des victimes de l'hôpital d'Épinal à 5 500 au moins, avait affirmé en 2008 la ministre de la Santé d'alors Roselyne Bachelot. Ceux qui n'ont pu prendre place dans la salle d'audience parisienne assistent à une retransmission vidéo, dans une chambre attenante du palais, comme au TGI d'Épinal où le procès sera diffusé jusqu'à son terme, le 31 octobre.
Jurisprudence pour les irradiés de Rangueil ?
Six ans après les premières plaintes en 2006, les juges aussi vont tenter de comprendre comment une telle accumulation d'erreurs a pu se produire dans cet établissement départemental de référence et pourquoi l'information des victimes fut si défaillante.
A Toulouse, ce procès est attentivement suivi par les irradiés de l’hôpital Rangueil. En Mai 2007, 145 malades traités pour des cancers ont reçu des doses excessives de rayonnement au CHU Rangueil. Mais peu à peu les victimes ont renoncé à une procédure pénale comme à Epinal pour tenter de privilégier un accord amiable avec le CHU, avant de regretter leur choix devant le montant des indemnités proposé. Ainsi le verdict des irradiés d’Epinal pourrait faire jurisprudence pour ceux de Toulouse.