Le collégien qui avait poignardé sa prof de maths en 2009 au collège de Fenouillet est condamné à cinq ans de prison.
A 13 ans, il avait poignardé une prof
Le collégien qui avait poignardé sa prof de maths en 2009 au collège de Fenouillet est jugé lundi à Toulouse.
Le tribunal des enfants de Toulouse a condamné mardi, après douze heures d'audience à huis clos, un collégien de la banlieue de Toulouse qui, à cause d'une retenue, avait poignardé sa professeure, à cinq ans de prison dont deux ans ferme et trois ans de sursis avec mise à l'épreuve.
Selon Me Laurent Boguet, un des avocats de l'adolescent, "le tribunal a suivi les réquisitions du parquet, mais a ouvert la possibilité d'un aménagement de la peine évitant l'incarcération de ce jeune qui a passé un an dans un centre fermé avant de rejoindre depuis deux ans et demi un foyer doté d'une équipe renforcée d'éducateurs".
12H de procès
Le procès pour tentative d'homicide du jeune homme âgé de 16 ans, mais qui en avait 13 à l'époque des faits, a débuté lundi après-midi, mais le réquisitoire n'est tombé qu'après minuit mardi et, à l'issue des plaidoiries de la défense et d'une heure de délibéré, le jugement a été rendu après 3 heures du matin.
Le tribunal a prononcé une peine de prison ferme "pour marquer le coup d'un acte particulièrement grave", mais a "ouvert la porte" en fixant dès le 6 novembre l'audience d'aménagement de la peine, a estimé Me Boguet, qui a reconnu "la nécessité d'une sanction juste". "Nous nous interrogeons sur l'opportunité de faire appel", a-t-il indiqué.
Les faits
Le drame avait fortement choqué la communauté éducative et au-delà.
Le 15 mai 2009, au collège François-Mitterrand de Fenouillet, au nord de Toulouse, l'élève de 5ème avait planté un couteau dans la poitrine de sa professeure de mathématiques, qui avait été grièvement blessée.
L'adolescent venait de se voir infliger une "consignation" c'est-à-dire l'obligation de réaliser sous surveillance un travail non fait. Il avait eu peur que son père ne l'apprenne.
"Le seul moyen qu'il a trouvé à cette époque là pour éviter ça, ça a été d'essayer de la tuer", a dit Me Emmanuel Tricoire, l'autre avocat du jeune garçon.
Séquelles physiques et psychologiques
La victime, âgée de 38 ans aujourd'hui, ne comprend toujours pas ce qui a pu se passer. "L'instruction n'a pas permis de donner de réponse" sur les raisons de son geste, a dit Me Denis Benayoun, conseil de l'enseignante. Cette femme, meurtrie dans sa chair, enseigne à nouveau mais garde des séquelles à la fois physiques et psychologiques.
Me Benayoun a demandé "une sanction adaptée, exemplaire, car cette violence n'est plus tolérable, c'est toute l'école, c'est toute la société qui est victime".
"Le garçon a une famille apparemment positive, il n'avait pas de trouble particulier: le passage à l'acte est étonnant, mais c'est un sujet à la personnalité très fragile, qui n'a pas de mots pour le dire et qui va traduire ses angoisses par le corps", a rapporté l'expert-psychiatre Daniel Ajzenberg, après avoir exposé son analyse au tribunal.
"A cet âge là on est en dehors du réel, on ne se rend pas compte de la gravité de ses actes" ajoute-t-il.
Pas d'amalgame
La défense a souligné à l'audience qu'il ne s'agissait pas du procès de "l'enfance délinquante" mais de "la dérive personnelle d'un jeune garçon" qui n'avait jamais été repéré comme un enfant à problèmes.
La partie civile a refusé aussi tout "amalgame" avec les multiples agressions de professeurs depuis la rentrée scolaire.