Lever à 5h30…pour un départ à 7h30. C'est tellement long, tellement tatillon de faire un sac à dos qui tienne la route, dans le bon ordre et la bonne logique. Tout doit être accessible, en fonction des priorités.
Mais tout est priorité ! Les crampons si ça glace, le baudrier si ça glisse, l’anorak si ça pèle, la pelle si avalanche, la bouffe tout le temps….
Et les peaux de phoque qu’on passe son temps à fixer sous les skis et à défaire.
On entre dans les Encantas en passant par le col de Boneigua.
Lumières de levant au premier col…puis on redescend dans le rose matinal. Nous traversons un lac, deux lacs gelés qui me font toujours un peu stresser. Et si on passait au travers ? Stresser et jubiler. Car ces lacs sont le summum eskimo pour notre imaginaire. Et là, ce n’est pas dans un livre ou devant la TV que la glace frémit sous nos pieds et que nos cœurs battent la chamade dans tout ce bleuté sans fond…
Le décor est somptueux avec de belles aiguilles de granit disséminées dans un paysage vallonné et parsemé de lacs. Entièrement sur le versant espagnol, devenu parc national d’Aigues Tortes, ces hauts lieux sont maintenant protégés.
On essaie de rejoindre le vallon sans trop descendre. On grimpe un escalier que le guide nous taille dans la neige au piolet tellement la pente est raide. Skis sur l’épaule, j’arrive sur les genoux et bonne dernière au minuscule refuge gardé, chaud et chaleureux, avec le drapeau tibétain qui flotte en guise de bienvenue.
Les deux gardiens sont un bonheur…Héliportés le matin même sur cette petite plate forme au sommet avec 1000 kg de denrées. On boit thé sur thé, on tente de sauver quelques orteils en les trempant dans l’eau chaude, on soigne les engelures et les épaules endolories par trop d’effort. Et on MANGE comme 4.