Les jurés de Carcassonne ont mis à égalité le tueur et son commanditaire en leur infligeant la même peine.
Carcassonne : 20 ans pour Bissonnet et Belkacem
La cour d'assises de l'Aude a condamné Bissonnet à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir commandité l'assassinat de sa femme, crime qu'il a constamment nié. Les deux co-accusés, le jardinier Belkacem et le vicomte d'Harcourt, ont été condamnés respectivement à 20 et 8 ans.
La cour d'assises de l'Aude a condamné Jean-Michel Bissonnet à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir commandité l'assassinat de sa femme, crime qu'il a constamment nié. Les deux co-accusés, le jardinier Méziane Belkacem et le vicomte Amaury d'Harcourt, ont été condamnés respectivement à 20 ans de réclusion criminelle et 8 ans de prison.
Après cinq heures de délibéré, les assises de l'Aude, qui rejugeaient Jean-Michel Bissonnet et ses deux co-accusés en appel, ont donc allégé la peine de l'ancien et riche homme d'afffaires, condamné à 30 ans de réclusion en première instance.
Les jurés ont confirmé la peine de Belkacem et d'Harcourt déjà condamnés, à Montpellier à 20 et 8 an de prison.
Ce troisième procès laisse sans réponse la question des raisons que pourrait avoir eues Jean-Michel Bissonnet pour faire tuer celle qui était, selon ses mots, la "femme de (sa) vie".
Bissonnet a tout de même glissé à ses avocats : "c'est dégueulasse, c'est à cause de ces deux salopards."
Me Darrigade, premier défenseur de Bissonnet a critiqué en boucle l'enquête et l'instruction de ce dossier, lançant de vives attaques contre les gendarmes. Me Martial aplaidé l'innocence de Bissonnet. Me Liénard s'est placé en juré, imaginant la culpabilité de son client et laissant la part au doute.
Relire le compte-rendu de cette dernière journée réalisé, en temps réel,
en direct de la salle d'audience de Carcassonne.
Le riche retraité de 64 ans est jugé en appel depuis le 7 novembre à Carcassonne. Avec lui dans le box, le jardinier Méziane Belkacem, 52 ans, celui qui dit avoir assassiné Bernadette Bissonnet pour le compte de son mari et contre la promesse de 30.000 euros, et le vicomte Amaury d'Harcourt, 86 ans, qui admet avoir participé aux préparatifs du crime et caché l'arme.
Au terme d'un réquisitoire implacable contre celui qu'elle a qualifié de "manipulateur extraordinaire", qui fait appel "à des plus faibles que lui", l'avocat général Manon Brignol a requis la confirmation du jugement rendu en première instance par la cour d'assises de Montpellier: 30 ans de réclusion criminelle pour l'ancien homme d'affaires, 20 ans de réclusion pour son employé occasionnel et huit ans de prison pour le descendant d'une illustre famille de la noblesse française.
Jean-Michel Bissonnet ne cesse de clamer son innoncence depuis qu'il a découvert, le 11 mars 2008, à Castelnau-le-Lez (Hérault), le cadavre de son épouse Bernadette abattue de deux coups de fusil.
Pour sa défense, l'enquête des gendarmes, puis l'instruction ont été à charge et l'ancien homme d'affaires, qui a fait fortune dans l'immobilier de bureaux, est la victime d'un complot manigancé par deux coaccusés désargentés. Ils auraient mis au point un projet de cambriolage qui a très mal tourné.
"Les gendarmes sont confrontés à un personnage curieux, qui se rebelle, qui dit des choses drôles", explique Me Edouard Martial, évoquant la personnalité versatile de l'accusé. "A partir de là, il est fichu Bissonnet. Il est riche, c'est le bourgeois, il a cette belle maison, avec ce grand parc..."
Parlant d'absence de mobile dans ce "couple qui donne le visage d'un amour vrai", Me Martial accuse le jardinier et le vicomte qui l'écoutent dans le box: "Vous étiez venus" chez les Bissonnet "pour le fric et vous n'avez pas pu le prendre car Bernadette a entendu des bruits qu'elle n'aurait pas dû entendre", leur a-t-il lancé.
Me Jean-Yves Liénard évoque le spectre de l'erreur judiciaire pour plaider le doute qui doit profiter à l'accusé. "Ce que je retiens d'Outreau, c'est la nécessité de la culture du doute", a-t-il souligné. "Il faut voir si les charges sont suffisantes ou pas, rien n'est plus dangereux que la certitude d'avoir raison."
Mais, dans une plaidoirie toute en finesse, il évoque -"et cela ne va pas vous plaire", lance-t-il à son client-, l'hypothèse de la culpabilité éventuelle d'un Jean-Michel Bissonnet qui aurait peut-être "initié cette folie" mais "sans y croire et sans la vouloir" pour demander une réduction de peine. "Si par malheur vous entrez en voie de condamnation, 18 à 20 ans pourraient peut-être suffire, il faut laisser une petite lumière d'espérance."
Avant que les jurés ne se retirent pour délibérer, vers 12H20, le riche retraité a encore une fois professé son amour pour celle qui était "la femme de sa vie".
"J'aime mes enfants, j'adore toujours ma femme, elle me manque terriblement, elle me manque et je ne suis rien sans elle", dit-il d'un ton presque las. Tout au long des trois semaines du procès, son ton posé a fortement contrasté avec les invectives qu'il lançait en première instance.
Pour leur part, Amaury d'Harcourt et Méziane Belkacem expriment leurs regrets pour le rôle qu'ils ont joué dans le drame. Le vicomte ajoute que la version présentée par la défense est "absurde". "Tout est inventé et créé de toutes pièces", assure-t-il.