Avec 1.4 million de visiteurs par an, le site génère un chiffre d'affaire de 6.7 millions et emploie 102 personnes
Musée, colloques, expositions, festivals, concerts, ateliers, le Pont du Gard, inscrit au patrimoine mondial de l'Humanité depuis 1985, est devenu une cash-machine pour le tourisme régional, tout en affichant une ferme volonté de préserver son âme.
En 2011, environ 1,4 million de personnes, dont 40 % d'étrangers, ont visité l'aqueduc romain enjambant le Gardon. Construit vers 50 après JC, sous les règnes de Claude et de Néron, il permet aujourd'hui à l'EPCC (Etablissement public de coopération culturelle, son statut depuis 2004) de 102 salariés (130 en été) de réaliser 6,7 millions d'euros de chiffre d'affaires.
Site le plus visité du Languedoc-Roussillon, le Pont du Gard s'est ainsi autofinancé en 2011 à hauteur de 72,31 % sur un budget de 9,3 millions d'euros (contre 50 % sur 8 millions en 2009). "C'est rare d'atteindre un tel niveau", se réjouit le directeur général Paolo Toeschi.
Selon la dernière étude commandée en 2009 par l'EPCC, le Pont a consolidé aussi 1.600 emplois et apporté en retombées économiques environ 140 millions d'euros à la région (84 millions au Gard) et 24 millions à l'Etat.
La clef du succès des gestionnaires de ce vestige, au bord de la faillite en 2003, un changement complet de politique, selon M. Toeschi. Avec d'abord une réflexion sur le tarif d'entrée du public - le plus souvent des familles - et une multiplication des offres pour que les clients prolongent leur séjour et par conséquent consomment.
Désormais, les visites de l'aqueduc, qui est l'ouvrage majeur d'une conduite d'eau de 50km courant à 90% sous terre entre Uzès et Nîmes, sont gratuites. Seul le parking est payant (18 euros/voiture), souligne le patron du site qui développe les activités, notamment depuis trois ans les colloques (800.000 euros rapportés en 2011) et les mariages (100.000 euros).
"On pensait en faire quelques uns. On a déjà une trentaine de réservations pour des mariages en 2012", constate M. Toeschi.
Il faut préserver le site :
Dans un département en forte crise, le Pont du Gard fait ainsi un peu exception. "On nous regarde comme un îlot de prospérité", dit le directeur général. Il ajoute toutefois : "nous savons ce qu'est ce lieu. Nous le respectons.
Nous ne devons pas perdre notre âme, mais nous voulons être un pôle d'excellence et aider les jeunes artistes émergents".
La programmation 2012 se veut éclectique: "Les Dieux du jeu" par le Groupe F (pyrotechnie, en juin), nuit de la chauve-souris (25 août), exposition sur la terre crue avec la Cité des Sciences de la Villette (mai-décembre), nuits d'été (illuminations en juillet et août), "vacances en bord de rivière" conçues par l'agence Nez-Haut (Paris-Plage) (1er juillet au 19 août).
Pas question toutefois d'accueillir n'importe quel événement, assure-t-on. Les concerts sont limités à 15.000 billets. "On a fait une fois 25.000 mais on a eu trop de difficultés", admet Paolo Toeschi qui privilégie la "préservation de l'écrin de verdure" de 160 hectares autour du Pont du Gard.
"On ne sera jamais un Disneyland", promet le directeur général du seul lieu, avec Saint-Guilhem-le-désert (Hérault) sur la route de Compostelle, à bénéficier à la fois d'une inscription à l'Unesco et du label "Grand Site" réservé à une dizaine de lieux en France.