Madrid a condamné les attaques des viticulteurs, lundi, au boulou et a protesté à Paris et à Bruxelles. La fédération espagnole des transports routiers de marchandises a dénoncé le fait que ces attaques aient pu être menées "en toute impunité" devant les forces de police qui ne sont pas intervenues.
Une protestation officielle de l'Espagne contre des agissements "qui violent la libre circulation au sein de l'Europe"
Le ministère espagnol des Affaires étrangères a annoncé avoir "protesté officiellement auprès des autorités françaises et les a pressé d'adopter toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité totale et la liberté de circulation des personnes et des marchandes".
De tels évènements, qui malheureusement se produisent régulièrement, sont une violation flagrante de plusieurs principes fondamentaux de l'Union européenne comme la libre circulation des marchandes entre les Etats membres", a ajouté le ministère espagnol.
"On protège notre production" contre la concurrence de vins à bas prix venus d'Espagne et d'Italie, a déclaré à l'AFP Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l'Aude, soulignant que ce type d'opération, dont c'était la première lundi matin, devrait se multiplier dans les prochaines semaines.
L'ambassadeur de France convoqué à Madrid
Le ministère espagnol des Affaires étrangères a convoqué, ce mercredi, l'ambassadeur de France en Espagne, pour protester contre les attaques de viticulteurs français qui ont vidé des camions-citerne de vin espagnol, a-t-on appris de sources diplomatiques.
D'autres actions similaires annoncées par les viticulteurs
Les petits producteurs du Languedoc-Roussillon subissent de plein fouet "un record historique" d'importations sur le sol français de vins à 32 euros l'hectolitre contre 78 euros pour le vrac dans l'Aude. 7,2 millions d'hectolitres ont ainsi été importés en 2015, dont 5,6 d'Espagne, selon les chiffres de M. Rouanet.
On protège notre prix", a ajouté le président des vignerons de l'Aude, sinon "ça va entraîner une dégringolade de notre production".
Une opération de "contrôle", lundi, au Boulou
Plus d'une centaine de viticulteurs avaient installé lundi, un barrage filtrant au péage du Boulou, dans les Pyrénées-Orientales, à une dizaine de kilomètres de la frontière franco-espagnole, déversant du vin pour dénoncer les importations à bas prix en provenance des pays du sud.
Les viticulteurs, partis du département voisin de l'Aude et rejoints par une quinzaine de vignerons des Pyrénées-Orientales, ont bloqué les camions-citernes espagnols contenant du vin, en vidant partiellement ou totalement les cuves sur le tarmac.
Les citernes de deux camions ont ainsi été déversées, créant une rivière de vin sur l'autoroute A9. Trois autres camions ont pu repartir avec les cuves à moitié vides, avec l'inscription "vin non conforme", tracée sur la remorque.