L'ex-directeur de Latécoère se confie après son éviction par les actionnaires

Dans une interview accordée à nos confrères du journal La Tribune, Frédéric Michelland, ex-directeur général de Latécoère, révoqué par les actionnaires du groupe aéronautique le 12 juillet dernier, évoque un "choc", ainsi que son refus de vendre Latécoère "par morceaux". 

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"Ça a été un choc" : par ces quelques mots, Frédéric Michelland évoque sa révocation par les nouveaux actionnaires du groupe aéronautique toulousain Latécoère

Dans une longue interview accordée au journal La Tribune, le désormais ex-directeur général de Latécoère revient sur les conditions de son départ forcé et évoque son bilan à la tête du groupe.

Son départ ? Il l'a appris le 7 juillet pour un départ effectif le 12, soit cinq jours plus tard. Les nouveaux actionnaires "ont décidé de nommer leur directeur général, en dépit des bons résultats que mon équipe et moi avions obtenus. Je ne peux qu'en prendre acte". 

La nomination de sa remplaçante (Yannick Assouad, membre du directoire de Zodiac Aerospace et directrice général de la branche Zodiac Cabin de l'équipementier aéronautique) a été annoncée dans la presse et c'est ainsi que Frédéric Michelland en aurait pris connaissance, comme il l'explique à La Tribune.

Pour l'ancien DG, c'est l'heure du bilan. Et Frédéric Michelland défend le sien. "Quand je suis arrivé en décembre 2013 , Latécoère était au bord de la liquidation, la principale activité du groupe (Aérostrutures) perdait près de 10 millions d'euros d'EBIT par an. Cette division, dont j'ai pris la direction en plus de mes fonctions de président du directoire, a gagné en 2015 16 millions d'euros d'EBIT. La restructuration financière et la mise en œuvre du plan Boost ont permis de redresser l'entreprise. Ce sont des faits. Latécoère avait besoin d'un vrai projet industriel, elle l'a désormais.

Aujourd'hui les clients de Latécoère sont rassurés, les résultats sont là, cela valait la peine de se battre.






Frédéric Michelland révèle également qu'à son arrivée à la tête du groupe, personne ne croyait au redressement. Les anciens actionnaires pensaient que la seule solution était de vendre le groupe en morceaux. "Je m'y suis refusé. J'ai cherché une autre voie et je suis heureux d'y avoir cru". 

Latécoère, le plus ancien équipementier aéronautique français
Le groupe Latécoère a été créé en 1917 par Pierre-Georges Latécoère, né en 1883, à Bagnères-de-Bigorre. 
Après la première guerre mondiale, il ouvre deux usines, l'une d'obus, l'autre de cellules d'avion. Il est donc le premier à avoir fait de Toulouse un site aéronautique. En 1918, près de 800 appareils sont livrés à l'armée française, avec une cadence de six appareils par jour à partir de mai 1918.

Mais M. Latécoère ne s'arrête pas là. Il imagine - au sens propre comme au sens figuré - l'aéropostale. Son idée : créer une ligne aérienne de fret et de courrier reliant la France au Sénégal en passant par l'Espagne et le Maroc.En 1919, Il fonde les Lignes Aériennes Latécoère, puis exploite les lignes Toulouse-Casablanca, Casablanca-Dakar (par Agadir, Cap Juby, Villa Cisneros, Port-Étienne, Saint-Louis) et Rio-Recife au Brésil. 

C'est sur ces lignes que Jean Mermoz et Antoine de Saint-Exupéry font leurs premières armes. 

Poursuivi par des soucis politiques et financiers, Pierre-Georges Latécoère cède sa société au début des années 30. Mais il continue d'inventer et se passionne plus tard pour les hydravions. Il construit même le Latécoère 631 de 75 tonnes dit le « Paquebot des airs », qui a fait la ligne Biscarrosse-Fort de-France du 4 Juillet 1947 au 1 Aout 1948 avec 2000 passagers pour deux rotations par mois.

Le groupe Latécoère a toujours son siège à Toulouse, près de l'ancien aéroport de Toulouse-Montaudran. 
Il est un sous-traitant majeur des grands avionneurs mondiaux - Airbus, Boeing - pour les tronçons de fuselage et les portes d'avion. Il est aussi le numéro 2 mondial du câblage embarqué avec sa filiale Latelec.


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