Policier mortellement fauché à Aubin : la drogue au volant, un phénomène de plus en plus fréquent

Impliqués dans 21 % des accidents mortels, comme à Aubin dans l'Aveyron où un conducteur sous l'emprise du cannabis a tué un policier, les stupéfiants restent cependant moins dangereux que l'alcool. Mais leurs effets sont tout de même désastreux sur la conduite.

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L'usage des stupéfiants au volant, constaté chez le chauffard qui a fauché mortellement un policier vendredi dans l'Aveyron, est un phénomène devenu plus visible avec le développement des moyens de détection, désormais érigé en "priorité" par le gouvernement pour lutter contre la mortalité routière.

Des systèmes de détection plus performants

La conduite sous stupéfiants n'a rien de nouveau en France, où la consommation de cannabis notamment est une des plus élevées d'Europe (3,9 millions de consommateurs, dont 1,2 millions de réguliers). Mais les systèmes de dépistage de plus en plus perfectionnés l'ont rendue plus visible ces dernières années. La "présence de stupéfiants" est apparue dans 21% des accidents mortels (29% pour l'alcool) en 2013, représentant 436 personnes tuées dans 388 accidents mortels.
Cette proportion est relativement stable. Principaux consommateurs, les jeunes sont un public particulièrement touché. Les stupéfiants sont considérés comme la "cause principale" des accidents mortels dans 11,4% des cas chez les 18-24 ans et dans 10,4% des cas chez les 25-44 ans.
Après avoir agi prioritairement ces dernières décennies sur la vitesse et l'alcool, la lutte contre les stupéfiants est donc aujourd'hui un des leviers dont veut user le gouvernement pour faire baisser la mortalité sur les routes. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a affirmé en décembre, à l'occasion du lancement de l'expérimentation de nouveaux tests de détection salivaire du cannabis, qu'il faisait de la conduite "en état d'addiction" une "priorité absolue".

Des effets sédatifs

Les effets du cannabis, la drogue de loin la plus répandue, sont connus : diminution de la vigilance, de la capacité de concentration et d'anticipation, difficulté à suivre des trajectoires.
Selon l'étude "Stupéfiants et accidents mortels" (SAM), le risque d'accident mortel est multiplié par 1,8 en cas de consommation de cannabis. Pour l'alcool, il est de 8,5. La combinaison des deux porte le multiplicateur de risque à 14,5.
Contrairement à l'alcool, la durée des effets est difficilement mesurable. "C'est un des problèmes du cannabis, on n'a pas de parallélisme entre le taux sanguin et les effets éventuels. Il y a un phénomène de stockage dans les cellules adipeuses -et le cerveau est très riche en graisses- et de relargage quasi-permanent", explique l'addictologue Patrick Daime, membre du Conseil national de sécurité routière (CNSR). Une personne peut ainsi être contrôlée positive aux stupéfiants en ayant consommé plusieurs jours auparavant.
"La lutte contre les stupéfiants est un levier important pour faire baisser l'accidentologie routière mais il ne faut pas que ce soit un écran de fumée pour ne pas s'occuper de l'alcool, estime le Docteur Daime. C'est une cible complémentaire de l'alcool, qui reste la première substance psycho-active dangereuse sur la route".

Un défaut d'information

Selon le Code la route, les sanctions peuvent aller jusqu'à deux ans d'emprisonnement, 4.500 euros d'amende, trois ans de suspension de permis, retrait de 6 points. "Ce sont des plafonds légaux mais dans la pratique on en est très loin", explique l'avocate Laureen Spira, spécialisée dans le droit routier.
"Pour un primo délinquant au cannabis, qui est beaucoup moins sanctionné que les autres drogues, on aura quelques centaines d'euros d'amende et quelques mois -cinq, six, sept mois- de suspension de permis. (...) Tous les cas sont différents mais en récidive, il y a aura une annulation du permis avec interdiction de le repasser, mais c'est rarement plus un d'an", explique Maître Spira, en déplorant le manque d'information sur les sanctions encourues.
"Mes clients n'ont généralement aucune idée de leurs droits : la perte de points, la mention sur le casier. Et c'est quand la récidive arrive qu'ils commencent à s'inquiéter", ajoute-t-elle. Selon elle, la procédure de jugement, souvent traitée par ordonnance pénale (notifié par simple courrier) pour une première infraction, n'est "pas efficace, pas pédagogique".
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