L'homme et les animaux : vers un conflit de civilisations? Le titre du colloque organisé par L'Observatoire National des Cultures Taurines laissait craindre l'abus de lieux commun et le déluge de grandiloquence. Mais les narquois en furent pour leurs frais. Ce fut une très belle réunion.
Le 5 octobre dernier, au Sénat, André Viard pour L'Observatoire National des Cultures Taurines et Guillaume François au nom de l'Union des Villes Taurines de France ont réuni une douzaine de spécialistes afin d'analyser, pour mieux la combattre, l'ahurissante idéologie antispéciste, connue sous le nom de "végane". Selon cette nouvelle idéologie, fut-il rappelé en début de colloque, il n’existe aucune hiérarchie ni distinction entre l’homme et les animaux : entre tous doit régner une équivalence de fait et de droit, ce qui exclut toute exploitation des animaux par l’homme, qu’il s’agisse de leur consommation, des traditions et des pratiques culturelles ou religieuses, et même de la recherche scientifique au bénéfice de l'humanité.
L'autre objectif de ce colloque était de déployer "au grand jour" et dans le cadre hautement républicain du Palais du Luxembourg tous les argumentaires plaidant en faveur d'un maintien des pratiques culturelles incluant la mort d'un animal. Et singulièrement la corrida.
Dans cet exercice, il faut saluer bien sûr la contibution érudite d'André Viard, inlassable combattant de la cause anti anti-corrida. Mais ce qui frappe à la lecure des actes de ce colloque, c'est que chaque intervenant - politique, universitaire ou "praticien" - a donné le meilleur de lui-même.
Rarement aura-t-on entendu ou lu Francis Wolf aussi pertinent que lors de cette intervention ni Joël Pon aussi percutant.
Les jours raccourcissent et l'interminable saison sans toros ne fait - hélas - que commencer. Mais la lecture de ces Actes a de quoi regonfler le moral des aficionados.
Nous avons pris la liberté d'en extraire une toute petite anecdote. C'est le ganadero Jean-Louis Darré qui la raconte. Il y est question d'un toro qui "bougeait, mais pas trop".
Pas sûr que les ors du palais du Luxembourg aient souvent entendu histoire plus humaine…
J’ai un semental qui est mort il y a huit jours, le semental c’est un taureau reproducteur, il avait dix-huit ans. C’est très vieux. (…) Donc ce semental qui s’appelle Buscabuyas, dans ses derniers moments, je l’ai caressé. Il me regardait, il était couché, il bougeait un peu mais pas trop. Et il me laissait parler, il était tranquille, on était bien tous les deux au milieu de notre maquis. Je lui ai dit : «Écoute, je te remercie pour tout et je te fais une promesse, je vais garder un de tes fils. Je me suis reculé, il s’est détendu et il est mort. Je crois qu’aimer les animaux, c’est ça aussi, parce que c’est la mort aussi. Merci.