Il y avait trop de cueilleurs de champignons dans les bois privés de Duravel, dans le Lot. Une association y a remédié en créant des cartes réservées aux habitants de la commune.
Beaucoup d'eau et des nuits un peu fraîches ont retardé la pousse des champignons, dans les bois de Duravel, dans le Lot. D'habitude en cette saison, les girolles, les oronges, les trompettes de la mort et les cèpes ont déjà fait leur apparition. Et dans les forêts de cette petite commune située à une quarantaine de kilomètres à l'Ouest de Cahors, le mélange d'essences les rend meilleurs qu'ailleurs, paraît-il. Une réputation qui a valu à Duravel d'être, certains automnes, littéralement envahi par les cueilleurs de champignons. Jusqu'à ce que les propriétaires des bois de la commune prennent des mesures radicales...
Une association pour réglementer la cueillette
C'est quand il s'est fait déloger de son propre bois par un cueilleur indélicat qu'Henry Radet a eu l'idée d'en parler autour de lui. A Duravel, un peu plus de 875 hectares de bois appartiennent à des propriétaires privés et beaucoup se plaignaient à l'automne de "la même pagaille"."On était envahi" raconte Henry Radet. "Il y avait des gens qui venaient de Toulouse, du Tarn-et-Garonne, du Lot-et-Garonne. Il y avait un nombre incalculable de voitures et parfois jusqu'à 400 personnes dans les bois."
Alors, il y a 8 ans, ils ont eu l'idée de créer une association et de réglementer la cueillette.
Une carte réservée aux habitants du village
L'association Duravel Nature veille scrupuleusement au respect de l'article 547 du code civil. Il stipule que "les fruits naturels ou industriels de la terre appartiennent au propriétaire par droit d'accession". Plus question désormais d'accéder aux bois de la commune sans un laisser-passer, en l'occurrence, une carte autorisant la cueillette.Des gardes assermentés
En plus des champignons, des panneaux ont fleuri dans les bois pour signifier les interdictions. Et la réglementation a été validée par la préfecture du Lot. Trois gardes des bois assermentés veillent à son respect. Ils sont habilités à verbaliser les contrevenants. Pour l'instant, ça n'a pas vraiment été nécessaire : deux procès-verbaux ont été dressés en 8 ans.Cela a été une épreuve de force au départ. Certains ont essayé de passer outre mais quand vous tombez sur un garde des bois en tenue, avec un carnet à souches, ça retombe vite. Mais nous, en fait, on a surtout fait beaucoup de prévention. On ne voulait pas trop du képi, du sifflet et du carnet à souches, ça c'était le dernier recours.
Le calme est revenu dans les bois
"Dès la deuxième année" poursuit-il, "on a vu 90% de personnes de l'extérieur en moins". Aujourd'hui, les bois de Duravel ont retrouvé leur quiétude.C'est un apaisement complet. Avant, certaines matinées de cueillette, je pouvais croiser jusqu'à 400 ou 500 personnes dans les bois. On se bagarrait parfois pour ramasser un champignon. Aujourd'hui, vous pouvez passer des matinées entières sans rencontrer personne.
La quiétude profite surtout à la nature, estime Henry Radet. "Certaines variétés de champignons sont en train de revenir" souligne-t-il. De quoi animer les sorties pédagogiques faites avec l'école. Et la journée champignons organisée par la société mycologique avec tout le village. 168 variétés ont été recensées lors de la dernière sortie en 2019.