Une nouvelle réglementation européenne prévue fin 2021, pourrait classer les huiles essentielles dans les produits dangereux pour la santé au même titre que les substances chimiques. Une modification qui inquiète les acteurs de la filière, notamment les producteurs de lavande. Reportage dans le Lot.
Ce serait un coup dur pour toute une filière...
Dans le but de protéger la santé des consommateurs, l'Union européenne planche sur un projet de nouvelle réglementation sur les produits chimiques. Il s'agit de réviser la classificiation, l'étiquetage et l'emballage des substances chimiques afin de limiter les risques liés à la production et l'utilisation de produits chimiques dangereux.
Des substances passées au crible
Ce nouveau texte prévoit de traiter au même niveau, les produits chimiques synthétiques et les huiles essentielles. Toutes les molécules, naturelles ou non, seront passées au crible, notamment pour leur propriétés cancérigènes, allergènes ou de perturbateur endocrinien. Depuis 2006, les fabricants d'huiles essentielles sont considérés comme des producteurs chimiques. Dans les 600 molécules qui composent leurs produits, certaines sont donc visées par cette future loi.
L'huile essentielle de lavande, par exemple, contient du linalol, une substance jugée allergène.
"Est-ce que vous vous sentez producteur de produits chimiques, le matin, quand vous faites votre tisane avec du thym ?", demande Jean-Marc Soulayrès, producteur de lavande à Rocamadour, dans le Lot. "Vous avez ramassé votre thym dans le jardin, vous le mettez dans de l'eau et vous êtes en train d'extraire des molécules. Est-ce que vous vous sentez producteur de produits chimiques ? Je ne pense pas. Eh bien, nous non plus".
Pour Jean-Marc Soulayrès, la menace est bien réelle, même si cette nouvelle réglementation est prévue pour 2025.
La lavande est la plus impactée car c'est la plus grosse production en France, c'est la plus grosse production dans le Quercy. Mais c'est l'ensemble des huiles essentielles, c'est toute la filière qui sera potentiellement impactée.
Déclassification ?
Face à cette menace, les producteurs français tentent de s'organiser. Une pétition est en ligne a déjà recueilli plus de 120.000 signatures. Dans la boutique de Jean-Marc et Rachel Soulayrès, une affiche informe également les acheteurs de ce projet. "Cela fait beaucoup réagir", assure Rachel Soulayrès, "Avec la lavande, on s'attaque à quelque chose de culturel, les gens sont dans l'incompréhension de cette future réglementation".
Cela fait des années, des décennies qu'on l'utilise, je ne pense vraiment pas qu'il y ait de problèmes.
Même si la commission européenne a tenté de rassurer les producteurs, ces derniers restent méfiants. Par sécurité, ils demandent que les huiles essentielles soient déclassifiées en tant que produits chimiques.