Le carnet d’un résistant déporté retrouvé 79 ans plus tard dans une machine à coudre : l'histoire insolite d'une précieuse découverte

C’est un témoignage vieux de 79 ans. Un petit carnet rempli de notes et découvert dans le tiroir d’une machine à coudre. Celui de Paul Duval, un résistant français déporté et mort en 1945 dans le camp de concentration de Floha.

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La découverte est aussi inattendue que précieuse. En octobre 2023, Enzo Delpech et Charlotte Leroy, tous deux chargés de recherche et de médiation pour la ville de Cahors, reçoivent ce carnet. Il avait été retrouvé par un bénévole Emmaüs dans le tiroir d’une machine à coudre Singer récupérée lors d’une collecte. “Il avait tout de suite remarqué les numéros de matricule sur la couverture”, raconte Charlotte Leroy. “Ça l’a interloqué et il l’a donné l’association du musée de la résistance, de la déportation et de la libération du Lot avec lequel nous travaillons.”

Le témoignage de plusieurs mois de déportation  

Ce carnet, long d’une dizaine de centimètres, est constitué d’une couverture en aluminium. “L’enveloppe semble taillée dans une gamelle de déporté car elle est faite de la même matière”, souligne la chargée de recherche. “Sur le verso, il y est gravé le nom de plusieurs camps avec en face, son numéro de matricule.”

À partir de ces lieux et de ces numéros, le binôme est parvenu à retrouver l’identité de son propriétaire. Ce carnet a appartenu à Paul Duval, un résistant de la Seconde Guerre mondiale. Ils ont reconstitué son parcours dans les camps d’internement et de triage de Biarritz, Bordeaux, Compiègne puis les camps de concentration d’Auschwitz, de Buchenwald, de Flossenburg et enfin de Floha où il est tué en 1945. Il n’avait que 30 ans et était originaire du Mans.

À l’intérieur du carnet, les pages jaunies par le temps sont recouvertes de notes écrites à l’encre. Une première partie de ces notes est consacrée à des recettes de cuisine. “Nous en avons compté plus d’une centaine”, précise Enzo Delpech. “Le plus intéressant, c'est qu’il s’agit surtout de recettes régionales comme l'aligot, le cassoulet, la quiche lorraine ou encore les galettes de sarrasin. C’était un boulanger-pâtissier et l’on suppose qu’il échangeait des recettes avec ses codétenus.”

En effet, l’origine de nombreuses recettes correspond à l’origine géographique des nombreux noms qui recouvrent la première partie des pages du carnet. Vingt-cinq personnes au total, vingt hommes et une seule femme. La plupart d’entre eux exerçaient des métiers de bouche. Sur les vingt-cinq personnes recensées, les chargés de mission sont parvenus à retrouver vingt d’entre elles, toutes aujourd’hui décédées. “Elles étaient en général dans les mêmes convois que lui”, relate Charlotte Leroy. “Nous avons remonté leurs traces en nous aidant des archives.”

Comment est-il passé des camps à ce tiroir de machine à coudre dans le Lot ? Qui sont les derniers noms manquants ? Le précieux carnet n’a pas encore délivré tous ses secrets. Les recherches se poursuivent. Ensuite, il sera exposé au sein du futur musée de la Résistance, de la Déportation et de la Libération du Lot 

L’histoire de ce carnet sera expliquée le 23 avril prochain à l’occasion d’une conférence intitulée “Comment faire parler un objet historique de la Seconde Guerre mondiale ?”. Le rendez-vous est donné à 18h à l’Hôtel de Ville de Cahors.

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