Lot : le chantier d'un méthaniseur démarre alors que des recours sont toujours à l'étude

A Labathude, dans le nord-est du Lot, le chantier du futur méthaniseur a débuté depuis une quinzaine de jours. Ce projet, porté par 33 agriculteurs du Ségala n’est pas du goût de tous. Ses opposants lancent une "alerte écocide" et dénoncent une tentative de passage en force.
 

Depuis des années, chaque projet d’installation d’une unité de méthanisation sur le territoire lotois suscite inquiétude et interrogation. Le dernier projet en date ne fait pas exception. Il provoque même la colère de ses opposants qui s’étonnent de l’ouverture du chantier alors que des recours sont toujours en cours.

Samedi 25 juillet, ils étaient un peu plus d’une centaine mobilisés devant le chantier pour une action baptisée "Alerte écocide" organisée par l’Association Départementale de Protection et de Défense de l’Environnement et du cadre de Vie dans le Lot, la Confédération Paysanne et le Collectif Citoyen Lotois.
 


Pour ces associations, le projet développé par un collectif d’agriculteurs aurait des effets dévastateurs sur le plateau du Ségala considéré comme le réservoir d’eau potable du département du Lot. D’autant que l‘unité de méthanisation de Labathude n’est que la première d’un programme qui en prévoit 3 autres sur les communes de Gorses, Espeyroux et Viazac.
 

Sous couvert d’énergie renouvelable, cette technique encore plus polluante, financée par des subventions publiques est une aberration agronomique pour les terres du Lot

Pierre Dufour – Porte-parole de la Confédération paysanne

« Quand on parle de méthanisation, tout est fait pour entretenir l’opacité » dénoncent les associations de sauvegarde de l’environnement. Selon elles, l’INRA serait empêchée de faire des études sur l’état des sols après épandage de digestats. Selon Alain Lecollier, membre de l’Association Départementale de Protection et de Défense de l’Environnement et du cadre de Vie dans le Lot, la méthanisation expose d’une part à un risque de pollution olfactive à court terme mais, c’est le risque écologique à long terme qui est le plus redoutable.

Les digestats sont chargés d’ammoniaque qui se transforme en oxyde d’azote au contact de l’air, entraînant une pollution de l’air. Par ailleurs, une partie de l’ammoniaque n’étant pas assimilable par les plantes, va directement dans les nappes phréatiques, créant là aussi une pollution. Dans le Ségala, ce sont au minimum 70 tonnes qui seront traitées quotidiennement pas chacun des 4 méthaniseurs.
 

On sait bien que la capacité de 70 tonnes n’a aucun sens et qu’elle sera dépassée. Partout en France, dès la mise en service la capacité déclarée est quasiment doublée sans que personne n’y trouve à redire

Alain Lecollier, membre de l’Association Départementale de Protection et de Défense de l’Environnement et du cadre de Vie dans le Lot


Même s’ils n’ont pas beaucoup d’espoir de les voir aboutir, les opposants au projet ont engagé deux procédures en vue de bloquer le projet. Un référé sera examiné le 10 août prochain par le tribunal de Cahors, et un recours a été déposé auprès du Tribunal Administratif de Toulouse qui doit rendre son verdict en début d’année prochaine. En attendant, le permis de construire a été délivré et les travaux ont débuté. "Il y a là une volonté de passer en force affirme Alain Lecollier, mais, le permis ayant été délivré, l’action est légale. D’autant que même si les tribunaux nous donnaient raison, le Préfet a toujours la possibilité d’aller contre la décision de justice"


 Pour les porteurs du projet, la démarche entre dans le cadre de la transition énergétique. Dans un communiqué ils défendent le modèle de petits collectifs agricoles préférés à une unité plus importante comme Gramat.

« 4 projets ont été développés suivant cette logique et sur les habitudes de travail liées aux CUMA existantes. Les intrants de ces unités sont issus à 100% des exploitations agricoles des projets et 100% des effluents d’élevage sont déjà produits et épandus sur les parcelles concernées par les projets. Ces unités contribuent à une économie circulaire avec la production d’électricité et de fertilisants à partir de ressources locales dont l’usage est optimisé » précise le communiqué.

Sur le site Internet de l’association  qu’ils ont créée (Methaseli Environnement) les porteurs de projets présentent leurs unités de méthanisation comme un modèle innovant et vertueux.
 
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