Littérature : « Quarantaine » le dernier polar visionnaire du lotois Peter May

Une pandémie issue d’un virus grippal, un couvre-feu, un 1er Ministre britannique hospitalisé d’urgence… Quand l’auteur franco-écossais a proposé son manuscrit en 2005 à son éditeur, ce dernier lui a refusé. « Pas assez crédible ! » Et pourtant…

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Il y a certains films dont il ne faut pas rater les cinq premières minutes. Comme pour son précédent opus « Rendez-vous à Gibraltar », tenez-vous prêt dès les premières pages du dernier-né de May. La première claque arrive rapidement.

May garde aussi la vieille recette du flic bourru et expérimenté (et écossais bien sûr), Jack MacNeil, mais qu’il rend plus humain parce frappé dans chair par le virus. Son enquête tourne autour des ossements d’une enfant retrouvée sur le chantier d’un futur hôpital.

Une Londres apocalyptique livrée à l’armée, aux pillards et aux milices

Le décor : Londres. Une capitale anglaise quadrillée par l’armée mais livrée malgré tout aux pillards et aux milices. Le virus est plus violent, la population aussi. Les inégalités sociales face à la pandémie sont aussi criantes. Et comme au temps de la peste moyenâgeuse, les portes des foyers touchés par la grippe sont marquées de croix rouges cette fois-ci.

« Beaucoup d’anciens agents de sécurité avaient rejoint les milices et réquisitionné ce genre de véhicules. D’où tenaient-ils leurs armes ? Mystère. Mais des gens riches et puissants habitaient le quartier. Or quand l’argent et la vie sont en jeu, tout devient possible »

L’auteur visonnaire nous parle de tests PCR. Pas de vaccin en revanche dans l’ouvrage mais du « FluKill ». Les plus désespérés ou cupides sont prêts à tuer pour s’en procurer.

« On ne guérissait pas de la grippe en prenant du FluKill ; au mieux on pouvait espérer une amélioration des symptômes et un raccourcissement de la durée de la maladie, ce qui augmentait les probabilités de survie ».

Un virus plus mortel que le Covid

Ce roman se révèle noir avant tout par la violence de la maladie, fréquemment mortelle, n’épargnant personne y compris les enfants. Il met aussi en scène des pouvoirs publics débordés, notamment pour le traitement des dépouilles de ses morts. Les corps entassés dans des camions frigorifiques, lors de l’éclatement de l’épidémie de Covid à New-york,  nous reviennent à l’esprit.  May, lui, choisit une ancienne centrale électrique des années trente qu’il transforme en incinérateur.

« Ce n’était plus le charbon transporté par barges sur le fleuve qu’on y brûlait. Mais des corps. Ceux des victimes de la pandémie. La fumée était toutefois aussi noire, et un nuage spectral flottait au-dessus de la rive sud ».

Quant à l’origine de cette pandémie ? May va la lier à l’enquête de MacNeil. La victime a eu la grippe mais pas celle qui décime Londres, une autre, issue d’un virus « artificiel» et « génétiquement modifié ». Peter May livre finalement l’origine de la pandémie qu’il a inventée. Nous cherchons encore celle du Covid 19.

« Quarantaine » de Peter May, traduit par Ariane Bataille, Rouergue Noir.

Extrait :

"MacNeil roula jusqu’à Haymarket. Il ne s’habituait pas à voir les rues aussi vides, aussi mortes. Avant la crise, même au petit matin il y avait des taxis, des voitures particulières, des groupes de fêtards sortant des clubs et des pubs autorisés à rester ouverts toute la nuit. Mais depuis le couvre-feu, rien ne bougeait, et si quelque chose bougeait, on tirait dessus.

La fontaine de Picadilly Circus et sa statue d’Eros étaient toujours barricadées. Eteints, les énormes panneaux publicitaires lumineux de Sanyo et TDK plaqués sur la façade des immeubles d’angle, au-dessus de Gap, ressemblaient à des trous noirs. Couleur et animation avaient été éradiquées de ce lieu, autrefois l’un des plus vivants de la capitale. Le kiosque à journaux vert était cadenassé. Plus personne n’achetait de billet de bus touristique. Dans un angle de la place, un mégastore se morfondait derrière les planches calcinées. Quand les pillards ne réussissaient pas à arracher le bois, ils y mettaient le feu. Et disparaissaient systématiquement avant l’arrivée de l’armée."

Peter May sera l’invité du 18.30 de France3 Occitanie le jeudi 1er Avril.

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