Le Lozérien Gilberto Rodrigues Leal a été enlevé au Mali par le mouvement "Mujao"

Le groupe islamiste Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) vient de revendiquer le rapt d'un Français mardi soir dans l'ouest du Mali. Il s'agit d'un Lozérien retraité de 61 ans, domicilié à Chirac.


"Nous revendiquons l'enlèvement du Français dans le sud-ouest du Mali près de la frontière mauritanienne", a annoncé jeudi à l'AFP le porte-parole du Mujao, Abu Walid Sahraoui, ajoutant que son groupe allait "prochainement publier une vidéo de l'otage".
Il n'a pas fait part des revendications de son groupe en échange d'une éventuelle libération.

Gilberto Rodrigues Leal, 61 ans, né au Portugal mais de nationalité française, a été enlevé par des hommes armés mardi soir à Diéma, localité située à l'est de Kayes, ville proche des frontières avec le Sénégal et la Mauritanie.
Il circulait dans un camping-car et venait de Mauritanie, pays qu'il venait de traverser.


Retraité depuis peu, cet homme vivait chez sa mère dans le sud de la France, selon une source proche du dossier. Après un long séjour au Brésil, M. Rodrigues Leal, féru de voyages en camping-car, a passé plusieurs mois au Burkina Faso.
Son enlèvement porte à treize le nombre d'otages étrangers détenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mujao, dont sept Français.

Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères, a répété qu'il ne fallait pas se rendre dans cette région de l'ouest du Mali, même si elle "n'apparaissait pas jusqu'ici comme contrôlée par les terroristes".
Les recherches s'y poursuivaient jeudi ainsi que dans des pays voisins dont la Mauritanie, pour tenter de retrouver l'otage, sans grand espoir, selon des sources sécuritaires dans la région.
En France, le Parquet de Paris a ouvert une enquête pour "enlèvement et séquestration en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste".


A Banassac,en Lozère, on attend Gilberto Rodrigues

Un passionné de voyage, un enfant "du coin", "un gars bien"... à Banassac, petit village de Lozère dont est originaire Gilberto Rodrigues-Real, le Français enlevé mardi au Mali, les habitants évoquent avec émotion un voyageur discret et passionné.
"Il était 15h, 15h30 quand David (le frère de Gilberto Rodrigues - ndlr) m'a appris la nouvelle. Il venait de l'entendre à la radio, et pour confirmer, il avait fait des recherches sur internet", raconte, ému, le maire de la commune, Jean-Paul Guix.
Après un lourd silence, le maire reprend. "David savait seulement que son frère était parti pour longtemps pour l'Afrique, un continent dont il rêvait...".
Retraité depuis peu, ce sexagénaire avait travaillé pour les Etablissements et services d'aide par le travail (Esat) de La Colagne à Marvejols dans le département, et profitait de sa retraite pour se balader.
Féru de voyage, il arpentait les continents à bord de son camping-car, un robuste Peugeot J5 avec lequel il avait déjà traversé le Brésil. Un véhicule qu'il bichonnait.
Il l'avait entièrement refait, aménagé, en prévision de ses voyages à venir, avec quelques autres fans de camping-car.
Le jeune garagiste de Banassac se souvient en souriant d'un "petit groupe de passionnés" qui "n'hésitent pas à faire des centaines de kilomètres pour trouver une bonne pièce d'occasion".
Beaucoup de ces hommes étaient déjà allé en Afrique. L'un d'eux avait d'ailleurs effectué un voyage comparable à celui de Gilberto Rodrigues. Mais lui "avait choisi de faire un détour de plus de 1.000km pour éviter cette zone (celle où M. Rodriguez a été enlevé - ndlr)", raconte le garagiste.
 
Gilberto Rodriguez : un voyageur expérimenté
 
Ses voyages, Gilberto Rodrigues les préparait minutieusement, assis au chaud à la table d'un petit café de Banassac. Il s'asseyait à côté de la fenêtre, et profitait du Wifi, se souviennent les habitués du café. Personne ne songeait à s'asseoir à la table où il commençait déjà ses voyages.
C'est à cette table qu'il avait préparé son périple africain, celui qui l'avait mené de la Mauritanie au Mali.
Dans ce pays secoué par des conflits depuis des mois, six hommes armés l'ont enlevé mardi vers 22H00 à Diéma, près des frontières avec le Sénégal et la Mauritanie, selon des sources sécuritaire et administrative maliennes.

M. Rodrigues-Real avait-il réalisé à quel point la région pouvait être dangereuse ? Une de ses voisines en doute. "Avec mon mari, ils parlaient de son voyage. Mon mari lui demandait si ça n'était pas une région dangereuse", raconte-t-elle, "lui répondait que ça ne risquait rien, qu'il connaissait".
Les yeux flous, elle regarde la maison de famille des Rodriguez. Les volets sont clos, personne dans la famille ne souhaite parler.
C'est une recommandation du Quai d'Orsay, pour ne pas nuire aux négociations.

 
Discussions du MNLA avec Bamako "quand l'heure viendra"
 
Dans le même temps, une délégation de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), conduite par son chef Bilal Ag Achérif, a été reçue pendant deux heures à Paris par le représentant spécial de la France pour le Sahel, Jean Félix-Paganon.
"Nous avons dit que nous souhaitions que la France nous écoute et qu'elle facilite le retour à la paix", a déclaré à l'AFP un porte-parole du MNLA à Paris, Moussa Ag Assarid.
La France, de son côté, a rappelé "son attachement à l'intégrité territoriale du Mali", a-t-il dit. "Nous avons répondu que nous avions des revendications et étions prêts à discuter avec les autorités maliennes quand l'heure viendra, mais ni avant ni ailleurs", a-t-il insisté.
Le MNLA, mouvement laïc et prônant l'autodétermination de l'Azawad (nord du Mali), avait lancé l'offensive dans la région en janvier avec les groupes islamistes armés, Mujao, Aqmi et Ansar Dine (Défenseurs de l'islam). Ces groupes l'ont évincé fin juin du nord du Mali.

Des touareg du MNLA ont récemment tenté de lancer, à partir de la région de Gao (nord-est), une nouvelle offensive pour reprendre aux islamistes l'Azawad, mais l'opération a échoué et a fait des dizaines de morts, au cours de violents combats avec des éléments du Mujao et d'Aqmi.
De son côté, le Mouvement des Arabes de l'Azawad (MAA), qui affirme représenter 40% de la population du nord du Mali, a mis en garde contre sa marginalisation dans le processus de négociations en cours et la préparation d'une intervention armée.

Une force armée internationale, composée de soldats africains soutenus logistiquement par des pays occidentaux, est en préparation pour intervenir, avec l'aval de l'ONU, dans le nord du Mali afin d'en chasser les groupes armés islamistes.
L'Algérie, le Niger et la Mauritanie cherchent à renforcer la sécurité à leurs frontières avec le Mali sans nécessairement les fermer en cas d'intervention militaire dans le nord de ce pays, a déclaré Abdelkader Messahel, ministre algérien aux Affaires maghrébines et africaines.
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