L'office nationale de la chasse et de la faune sauvage a réalisé une campagne de suivi du loup pour l'hiver 2017-2018. Selon son bilan, environ 430 loups ont été estimés, soit un taux de croissance annuel de près de 20%. Pour autant le seuil de viabilité n'est pas encore atteint.
"Tous les indicateurs dont dispose le réseau Loup/Lynx (...) indiquent que l'espèce est en phase d'expansion rapide sur l'ensemble du territoire national", souligne le bilan de suivi hivernal publié lundi par l'Office national de la chasse et la faune sauvage (ONCFS).À la sortie de l'hiver 2017-2018, l'effectif estimé était d'environ 430 individus (intervalle de prédiction : 387-477), soit un taux de croissance annuel de près de 20%, précise l'Office dans un communiqué.
Avant ce nouveau bilan, l'effectif était évalué fin 2017 à environ 360 individus (292 en 2016).
Ce recensement a pu être effectué grâce aux conditions météorologiques favorables au suivi de l'espèce, notamment les bonnes conditions d'enneigement.
Au total 1 778 indices ont été enregistrés, dont 757 retenus au motif qu’ils permettent de contribuer à l’estimation de l’effectif de la population (traces et empreintes, observations visuelles, piégeage photographique, dépouilles).
Les zones de présence permanentes
En hausse également, le nombre de "zones de présence permanente" (ZPP) est passée en France de 57 en sortie d'hiver 2016-2017 à 74 en 2017-2018, soit +30%.
57 de ces zones sont désormais constituées en meutes (à partir de trois individus ou avec une reproduction avérée), contre 42 à l'issue de l'hiver précédent, souligne encore l'ONCFS. La progression du nombre de meutes est de 35% par rapport à l'an dernier.
Il faut y ajouter une quinzaine d'autres ZPP non constituées en meutes (contre 11 au dernier bilan): en général un animal seul ou un couple, souvent sur le front de colonisation.
On les trouve principalement dans les Alpes et jusque dans le Var, mais aussi dans les Pyrénées-Orientales, l'Aveyron, la Lozère ou les Vosges.
Pas encore au seuil de viabilité
L'animal "n'a pas encore atteint le seuil de viabilité prévu par le Plan Loup, fixé à 500 individus", rappelle l'Office. Le plan, prévu pour 2018-2023, vise à atteindre cet effectif d'ici 2023.
Les plafonds d'abattage annuels ont été basés sur les recommandations scientifiques, qui estiment qu'il ne faut pas prélever plus de 10 à 12% de l'effectif sous peine de menacer l'espèce. Ils s'accompagnent d'aides à la protection des troupeaux (chiens, parcs électriques, mesures d'effarouchement "innovantes"...).
Autant de mesures âprement critiquées par les organisations d'éleveurs. Mélanie Brunet, éleveuse de brebis dans l'Aveyron et co-présidente de la toute nouvelle Fédération nationale de défense du pastoralisme, juge cette estimation de 430 loups "clairement sous-estimée".
"Nous estimons que la France a largement dépassé le seuil des 500 loups, et qu'il faut arrêter la politique actuelle de sur-protection des loups," a-t-elle réagi lundi.