C’est une première mondiale : un radar de surveillance spatiale est en construction sur le plateau de la Margeride en Lozère. Il sera capable de détecter des débris qui flottent dans l’espace, entre 200 et 2000 km autour de la Terre. Une innovation de la société toulousaine Look Up Space.
Au milieu des massifs lozériens, c’est un petit bijou de technologie qui est en cours de construction. C’est même, une première mondiale. La société toulousaine Look Up Space installe ici un radar de surveillance spatiale amené à détecter des objets en orbite de très petite taille. "Il va émettre une onde vers l’espace à la recherche des satellites et des débris", explique Fabrice Nayrac, ingénieur d’opérations surveillance de l’espace. Avec un objectif : devenir assez précis pour capter des débris de moins de 10 cm, c’est-à-dire plus petit que le seuil actuel de détection.
Des futures données traitées à Toulouse
Les informations récupérées par ce futur radar seront analysées à Toulouse, où se trouve le siège social de l'entreprise. Des informations capitales, car, selon l'ingénieur, "on estime qu'un débris de 3 cm peut être létal pour un satellite s'il heurte les panneaux solaires ou les réservoirs. Il faut garder en tête que les objets qui gravitent autour de la Terre ont une vitesse de 28 000 km/heure".
Sachant qu'il existe environ 10 000 satellites actifs et près de 30 000 débris en orbite basse, cartographier l’espace permet à la société toulousaine d'évaluer le risque de collision avec des débris.
Une évaluation qui permet plus de souveraineté selon Juan Carlos Dolado, ancien directeur du service d’observation spatial du CNES et cofondateur de Look up Space. "Dans mes fonctions précédentes, on dépendait à plus de 95% des données que les Américains nous partageaient. Il y a donc cet enjeu de savoir ce qui est en orbite, comment les objets opèrent, afin de protéger nos satellites français et européens."
La Lozère, pas un hasard
Si la recherche spatiale toulousaine s'étend sur le plateau granitique lozérien, niché entre 1 200 et 1 500 mètres d’altitude et où la densité de population est de moins de 15 habitants au km², ce n'est pas une coïncidence. Fabrice Nayrac, l'ingénieur de Look Up Space, explique : "Pour accueillir ce genre de capteur, il y a toute une série de contraintes techniques à respecter. Comme l’environnement électromagnétique qui doit être le plus pur possible. Il faut aussi un foncier disponible, un sol capable de supporter l’infrastructure dans le temps."
Ce radar est le premier d'un réseau à vocation mondiale. L'entreprise prévoit d'en construire une dizaine de plus dans les territoires d'Outre-mer pour couvrir la totalité du globe.