Trop, c'est trop. La Coordination rurale de la Lozère, excédée par les attaques de loup des derniers jours, demande des comptes au préfet. Ce lundi matin, le syndicat agricole a voulu montrer la réalité du terrain aux autorités en déposant la carcasse d'un veau "prédaté" devant le siège de la direction des Territoires de la Lozère.
L'image est forte voire choquante, surtout pour des citadins. Mais c'est la triste réalité des éleveurs quand leurs animaux sont attaqués et dévorés vivants dans les champs. Il ne reste qu'un cadavre.
Ce veau naissant, d'à peine 24 heures, sans défense, a été tué dans la nuit de samedi à dimanche sur une exploitation de Chaudeyrac, entre Mende et Langogne, en Lozère. C'est la seconde fois en une semaine que le jeune agriculteur, installé depuis 5 ans, est victime du loup.
Il est démoralisé par ces attaques à répétition et surtout il ne peut rien faire. Même pas se protéger et garantir la vie de son troupeau. Car s'il faisait un simple tir d'effarouchement contre un loup, il serait hors la loi.
Jean-Luc Boulet, Coordination rurale 48.
La solitude des éleveurs face au prédateur
Selon l'un des responsables de la Coordination rurale de la Lozère, les résultats d'analyse après une attaque sont trop longs pour permettre de se protéger du loup.
"Quand il est là, le loup attaque puis revient durant quelques jours... et il bouge. Pour se défendre, l'éleveur doit attendre les résultats des analyses effectuées par l'Office Français de la Biodiversité (OFB). Et s'ils indiquent loup ou grand canidé non exclu, on peut effaroucher l'animal et avoir l'appui d'un lieutenant de louveterie. C'est très bien mais les analyses sont trop longues".
Des analyses génétiques trop longues !
Dans le cas des deux dernières attaques en Lozère, l'éleveur n'a rien pu faire.
Un premier veau a été attaqué le 21 septembre, des analyses ont été rapidement réalisées pour déterminer s'il s'agissait bien d'une prédation par un loup. Ce qui permet à l'éleveur de mettre des parades en place pour éviter que cela se reproduise. Mais quand la seconde attaque a eu lieu, les résultats de la première prédation n'étaient toujours pas connus officiellement. Donc, rien n'a pu être fait.
Il faut trouver une solution pour protéger les troupeaux tout de suite après une attaque. Sans attendre les résultats des analyses qui sont trop longs. Deux veaux sacrifiés en une semaine, notre collègue a besoin d'aide, tout de suite, pas quand le loup aura attaqué une 3e fois ou quand il sera parti ailleurs...
Jean-Luc Boulet, Coordination rurale 48.
L'éleveur de Chaudeyrac est inquiet car d'autres vaches sont prêtes à mettre bas dans les jours à venir et il craint de nouvelles attaques sur les jeunes veaux.
Outre le fait de voir son travail d'une année anéanti en une nuit, c'est aussi une perte financière importante pour une jeune exploitation.