Un veau mort a été déposé par la Coordination rurale, hier à la préfecture de Mende. Une action pour protester contre les dégâts attribués au loup. L'expertise prévue initialement ce jeudi est désormais impossible, l'animal ayant été déplacé. Mais le syndicat agricole a fait analyser la carcasse.
Un veau de 2 mois et demi, mort le jour-même, a été déposé hier mercredi à l'hôtel de la préfète rue de Rovère à Mende. L'animal provenait d'un élevage d'Arzenc-de-Randon, au nord de Mende, qui avait déclaré en fin de matinée le dommage à l'Office français de la biodiversité (OFB) chargé de recenser et expertiser les victimes des attaques de loups.
Cette action symbolique de la Coordination rurale de La Lozère a été filmé par l'un des participants.
La préfète Valérie Hatsch déplore une action "contreproductive"
Dans un communiqué, la préfète de la Lozère rappelle que malgré la période de confinement, le fonctionnement de l’O.F.B. a été maintenu notamment pour les constats de dommages aux troupeaux. Le directeur départemental de cet Office français de la biodiversité a proposé à l’éleveur une expertise sur place qui devait avoir lieu ce matin, au lieu des quarante-huit heures prévues par la réglementation. Mais le coup d’éclat de la Coordination rurale a empêché la conduite de cette expertise, qui nécessite le maintien de la carcasse à l’endroit du décès.
Dès que la carcasse a été déposée devant la préfecture, vers 17h, une réunion a été organisée et la Direction départementale des territoires a eu un entretien avec l'éleveur.
La Coordination rurale remet en cause l'expertise promise à l'éleveur
Dans 95% des cas, les éleveurs de bovins du département ne sont pas indemnisés, car il n'y a pas de prélèvements d'ADN sur les carcasses pour identifier les coupables,
explique Alain Pouget, le président lozérien de la Coordination rurale.
L'éleveur d'Arzenc-de-Randon a déjà été "prédaté", c'est à dire victime d'un prédateur, il y a une quinzaine d'années et en a gardé une expérience amère. C'est pour cela qu'après avoir informé l'OFB et les gendarmes (qui se sont rapidement rendus sur place pour constater les dégâts à 14h30), il a contacté le président du syndicat agricole qui est aussitôt venu faire lui-même des prélèvements à l'aide d'écouvillons stériles pour analyse dans un laboratoire indépendant.
On sait que les prélèvements et tests ADN que l'on commande nous-mêmes n'ont aucune valeur pour les autorités mais c'est seulement pour nous, pour confirmer qu'on n'est pas à moitié fous!
précise Alain Pouget, lui-même éleveur en Lozère.
Entre chien et loup
Et le président de la coordination rurale de rappeler que les agents chargés par la préfecture d'expertiser les carcasses ne font qu'un constat visuel, et ce entre 24 et 48h après la mort du bovin que les éleveurs doivent laisser sur place. Résultat, les charognards comme les renards et les blaireaux peuvent causer des dégâts post-mortem et l'attaque du loup ne peut être prouvée.
Même incertitude sur les hypothèses d'attaques de chiens errants. Des prélèvements ADN, plus ou moins poussés, permettraient de préciser la race du prédateur et donc la responsabilité "administrative".
Les chiens errants, c'est de la responsabilité des communes. Les loups, c'est la responsabilité de l'Etat". En l'absence de preuves, personne n'endosse la responsabilité,
commente Alain Pouget.
Le président de la coordination rurale ne cache pas qu'il a lui-même, hier, déposé la carcasse du veau à la préfecture de Mende. Lui comme l'éleveur savaient que cela privera l'élevage meurtri d'une (très hypothétique) indemnisation. Les analyses confiées à un laboratoire indépendant (50 à 60 euros) seront prises en charge par le syndicat agricole. Et si les conclusions accablent le loup, soit l'assurance civile de l'éleveur le dédommagera, soit c'est la Coordination rurale, selon son président, qui s'en chargera.