La commune rurale de Saint-Sauveur-de-Ginestoux située en Margeride, en Lozère, n'avait aucun candidat au 1er tour des municipales. Elle s’est finalement trouvée 12 candidats dans l’entre deux-tours. Cette situation insolite, avec 2 listes, éveille quelques tensions au sein du village.
Les électeurs de Saint-Sauveur-de-Ginestoux vont enfin pouvoir voter pour élire leurs 7 conseillers municipaux, dimanche 28 juin. Une situation qui ravi Sonia Jullien, encore maire du village. Car elle craignait de ne pas avoir de successeur à la tête de la commune.
Premier tour : pas de candidat
Le 15 mars dernier, lors du premier tour des élections municipales, les électeurs de Saint-Sauveur-de-Ginestoux ne se sont pas déplacés pour aller voter. En effet, aucun candidat ne s'était présenté pour briguer la mairie.
Dans de telles circonstances, sans élus et donc sans maire, c’est la préfecture du département qui prend momentanément la main sur la gestion de la commune. En dernier recours, elle a la possibilité de réaliser une fusion forcée avec une commune voisine. Sonia Jullien, la maire sortante, avait précisé, dès sa première investiture il y a 6 ans, qu'elle ne ferait qu’un seul mandat. Elle a bien tenté de mobiliser ses administrés pour sa succession, mais en vain.
Second tour : 2 listes et 12 candidats
Au lendemain d'un premier tour qui n'a pas eu lieu, dans le village, une prise de conscience citoyenne s’est opérée auprès de certains habitants.
“Savoir qu’au premier tour, il n’y avait personne et que si, au second tour rien ne changeait, on perdrait la mairie” a incité Yannick Hamon et sa compagne à se lancer dans ce scrutin. Tous deux, respectivement, 40 et 38 ans, viennent d’arriver dans la commune. Ils se sont installés en décembre 2019 à Saint-Sauveur-de-Ginestoux en tant qu'éleveurs de chevaux de Mérens.
On a réussi à motiver un peu de monde, 7 en tout, juste avant la limite de dépôt des candidatures.
Le 16 mars, ils ont donc remis à la préfecture de la Lozère leur liste de 7 noms pour le second tour, prévu à l'époque le 22 mars. Mais la crise sanitaire du coronavirus s’est installée dans le calendrier des municipales, impliquant le confinement et le report du second tour des élections ainsi qu’une nouvelle date limite de dépôt de listes.
Une nouvelle liste... en réaction
Contre toutes attentes, une seconde candidature groupée de 5 personnes a été déposée en préfecture le lundi 1er juin pour le second tour du 28 juin. Ce qui porte à 12 le nombre de candidats.
“Je ne comprends pas” s'étonne Patrice Gely, membre de la première liste, “on leur avait proposé, ils nous ont dit que non, qu'ils ne voulaient pas se lancer”.
Cette nouvelle liste de 5 est composée de jeunes natifs du village, agriculteurs pour 3 d’entre eux. Fabien Richard, 25 ans, éleveur de bovins viande de race Aubrac, se justifie de l’intérêt soudain pour la mairie : “Il fallait se motiver et faire quelque chose pour notre commune. Sur l’autre liste, il y a des gens que je ne connais pas”.
C’est important que ceux qui tiennent la mairie soient d’ici.
Franck Bachelard, 30 ans, également éleveur d’Aubrac, ajoute : “on se connaît bien tous les 5, on est tous de la même génération et on a quasiment tous grandi ici. On sait qu’on peut se faire confiance”.
Yannick Hamon, tête de liste concurrent, trouve que “c’est dommage, ce sont des personnes du village qui ont refusé de travailler au début avec nous et quand ils ont appris qu’on se présentait, surtout moi et ma femme qui ne sommes pas du village, ça ne leur a pas trop plu. Les étrangers arrivent et tout le monde se reveille, c'est triste”.
C’est un peu couillon, on aurait pu construire ensemble, mais là, ça part sur une mauvaise base.