Les grandes surfaces et les éleveurs de la Lozère autour d'une même table. Ce sont les syndicats agricoles qui ont lancé l'invitation. Avec les prix actuels du lait et de la viande, les producteurs peinent à gagner leur vie. L'objectif affiché de la rencontre est de s'accorder plutôt que s'affronter
A Sainte-Colombe-de-Peyre, près de Mende, les dirigeants des grandes surfaces de la région ont décidé de jouer le jeu et de répondre à l'invitation des éleveurs de la Lozère. Ils ont visité, ce vendredi, une ferme, pour découvrir le métier d'éleveur.
Dans une exploitation bovins viande et bovins lait, tout le monde s'est retrouvé assis dans l'étable, avec les vaches et des bottes de foin en guise de tables.
Une "charte de bonnes pratiques" signée entre des distributeurs, des agriculteurs et des éleveurs
L'objectif de cette réunion champêtre est d'établir de nouvelles chartes qui favorisent l'achat de produits locaux. Car ces chartes existent déjà en Lozère et elles ont permis d'améliorer la situation économique de la filière. Les producteurs vendent leurs produits plus chers, en direct, qu'en passant par des intermédiaires.
Les transformateurs et grossistes, souvent montrés du doigt, car leurs marges pénalisent tous les acteurs, n'étaient eux pas venus, malgré l'invitation des agriculteurs.
Les syndicats agricoles menacent désormais de s'inviter chez leurs invités "défaillants", en cas d'échec de ces réunions de concertation et d'échanges. La pédagogie laisserait alors place à l'action.
La pédagogie des agriculteurs... avant l'action
L'aval des filières viande bovine et lait, plus de 150 directeurs de grandes surfaces, de centrales d'achats et transformateurs, avaient été invités à participer à cette rencontre avec des agriculteurs de tous les départements du Languedoc-Roussillon au Gaec du Cher, l'exploitation de René Planchon, à Saint-Colombe-de-Peyre.
"Nous sommes très satisfaits de l'attitude de la grande distribution", a déclaré à l'AFP Olivier Boulat, responsable élevage FRSEA Languedoc-Roussillon, faisant état de la signature par la quasi-totalité des 25 enseignes de distribution présentes d'une "charte de bonnes pratiques".
Cette charte s'inspire de l'initiative de la FDSEA de Lozère, qui avait signé en 2015, avec les distributeurs du département un document s'engageant notamment sur des prix qui permettent aux agriculteurs de vivre décemment.
Un technicien de la FNSEA a expliqué comment est constitué 1 kg de lait ou 1 kg de viande, pour faire comprendre qu'on ne peut pas vivre avec 300 euros/1.000 litres", souligne Julien Tuffery, vice-président des JA Languedoc Roussillon, les agriculteurs réclamant un minimum de 340 euros. "C'est la première étape, s'ils entendent notre message, tout ira bien. Sinon, on passera à la seconde étape, on ira chez eux", précise-t-il.
M. Boulat s'est en revanche dit "très irrité par la politique de la chaise vide des transformateurs lait et viande". "C'est déplorable", a-t-il estimé.
Les tas de fumiers ne sont pas loin de bouger", a menacé le responsable syndical.
Selon les organisateurs, la rencontre visait à ce que les intermédiaires puissent se rendre compte directement des difficultés des éleveurs sur une exploitation: "règlementation excessivement lourde, coûts de production élevés et prix en chute libre...".
Dans le but d'avancer "dans la construction de solutions pérennes sur les débouchés et les prix avec l'aval des filières" dans une démarche "gagnant-gagnant". Des actions similaires devraient être rapidement engagées dans d'autres régions selon les deux syndicats.