Le violent épisode de grêle du 17 août dernier est notamment en cause. Les récoltes sont estimées en baisse de 30 à 40% dans le Languedoc-Roussillon.
Durement frappée par le gel, la grêle et la sécheresse, la production française de vin s'annonce en baisse de 10% cette année, avec des reculs encore plus sévères en Champagne, Bourgogne ou dans les Charentes, selon les premières prévisions du ministère de l'Agriculture.
La production atteindrait 42,9 millions d'hectolitres contre 47,8 millions en 2015, et serait inférieure de 7% à la moyenne quinquennale, selon les estimations provisoires publiées jeudi par Agreste, le service statistique du ministère. "Le gel de printemps qui a touché certains bassins viticoles (Champagne, Bourgogne et Val de Loire), les épisodes récurrents de vent, conjugués à l'aggravation de la sécheresse sur le pourtour méditerranéen..." mais aussi :
Les dégâts liés à la grêle dans certains bassins (Charente, Bourgogne-Beaujolais, Languedoc-Roussillon) pèsent sur le potentiel de production, dont le niveau est révisé à la baisse par rapport à l'estimation de juillet", indique Agreste.
L'estimation, établie mi-août, est susceptible d'être révisée en fonction des incidents climatiques et problèmes sanitaires qui pourraient survenir pendant les vendanges.
Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin de l'établissement public FranceAgriMer mais aussi président de la Chambre d'Agriculture de l'Hérault, a souligné lors d'une conférence de presse le caractère "spectaculaire" des intempéries de 2016 :
frappant le vignoble, remarque-t-il, avec par exemple des orages de grêle non plus localisés, mais sous forme de "couloirs de plusieurs dizaines de kilomètres, d'une intensité qui dévaste des vignobles entiers"."L'année a été caractérisée par l'amplification des aléas climatiques"
Des récoltes "en baisse de 30 à 40%" dans le Languedoc Roussillon
En Languedoc-Roussillon, le recul prévu est de 9%. Un épisode de grêle a touché 2.000 hectares dans l'Hérault le 17 août. Dans cette région, la sécheresse actuelle pourrait aussi venir aggraver les choses: les vendanges qui ont démarré sur le Chardonnay et certains rosés laissent entrevoir des récoltes "en baisse de 30 à 40%", a expliqué Jérôme Despey.Certaines coopératives ont d'ailleurs décidé d'avancer les vendanges "pour éviter un impact supplémentaire de la sécheresse sur le poids des baies", selon lui. Les viticulteurs craignent également les conséquences du manque d'eau à l'approche des vendanges dans le Bordelais, l'une des rares régions à tirer son épingle du jeu pour l'instant, avec une production prévue en hausse de 1%. Après une petite récolte 2015, l'Alsace verrait sa production augmenter de 18%.En Champagne, frappée par plusieurs jours de gel au printemps, la baisse de production pourrait atteindre 31%. Le vignoble y est en retard d'une semaine par rapport à la moyenne sur dix ans. La chute de production s'annonce aussi drastique dans le Val de Loire, à -35% en raison du gel de la fin avril. En Bourgogne et Beaujolais, le recul atteindrait 21%, avec une dizaine de jours de retard pour la vendange.
Dans les Charentes, où 3.600 hectares de vignes ont été détruits par la grêle et le gel, la production baisserait de 16%.
Et la qualité alors ?
L'alternance entre pluies et chaleur a aussi favorisé la prolifération du mildiou dans de nombreuses régions. Les précipitations ont gêné l'application des traitements contre ce champignon, mais l'impact sur le potentiel de production devrait rester "faible, sauf dans certaines régions de la façade atlantique", prévoit Agreste. La maladie a régressé en août à la faveur d'un climat plus sec.Quant à la qualité du vin, "il est encore un peu tôt pour savoir", estime Jérôme Despey, qui craint en revanche un impact "important" sur les trésoreries des viticulteurs et regrette que peu d'entre eux aient choisi de s'assurer.
En 2015, après une récolte en légère baisse suite à la sécheresse, la France avait de nouveau perdu son rang de premier pays producteur au profit de l'Italie. Cette année, les producteurs de la péninsule prévoient une récolte en hausse.