Meurtre de Patricia Bouchon : des témoins indirects à la barre au procès de Laurent Dejean

Au deuxième jour du procès en appel de Laurent Dejean accusé du meurtre de Patricia Bouchon, la cour d'assises du Tarn a entendu un témoin clef. Son témoignage a permis d'établir un portrait-robot.

Des traces de pneus dans un chemin, des cris et des pleurs entendus par des riverains, une Clio aperçue à proximité du lieu du crime, les preuves matérielles dans l’affaire du meurtre de Patricia Bouchon sont inexistantes selon la défense. Mais c’est un faisceau d’indices importants qui a conduit Laurent Dejean en prison. Accusé d’avoir tué celle que l’on a appelé la joggeuse de Bouloc, il a été condamné en 2019 par la cour d’assises de la Haute-Garonne à 20 ans de réclusion criminelle. Il est jugé en appel depuis ce lundi 28 juin par la cour d’assises du Tarn.

Des cris et des pleurs vers 4h30 sur un chemin à Bouloc

Patricia Bouchon a été vraisemblablement tuée à Bouloc dans un chemin qui mène à trois habitations. Une boucle d’oreille, un élastique et des traces de sang ont été retrouvés. Route de Fronton, cette nuit du 13 au 14 février 2011, les propriétaires d’une maison ont entendu des bruits étranges vers 4h30. "Des cris", dit l’homme appelé à la barre comme témoin. "J’ai entendu un cri, cela pouvait être un chat ou un humain mais j’ai pensé que cela pouvait être une femme. Je suis allé voir mais je n’ai rien vu". Le couple dort à l’étage de la maison et laisse souvent une fenêtre ouverte qui donne sur un balcon. "Et puis, j’ai entendu un homme pleurer et dire plusieurs fois excuse-moi, excuse-moi. Je suis descendu mais je n’ai rien vu, il faisait noir. Ensuite j’ai entendu une voiture, le bruit des pneus sur le gravier".

Sa femme confirme avoir entendu un bruit dehors. Et la voix d’un homme qui s’excusait. "Quelqu’un en stress émotionnel intense", précise cette infirmière à la retraite. Pourtant, lors de la reconstitution en 2015, le couple ne reconnait pas la voix de Laurent Dejean. L’accusé a la parole, il explique devant la cour : "les gendarmes m’ont demandé de répéter plusieurs fois 'excuse-moi' sur différents tons et plus ou moins forts, je me suis exécuté".

Le témoin et le portrait-robot

Un témoin capital est entendu ce mardi matin. Le 14 février 2011 vers 4h30, ce chauffeur-livreur se rend à son travail à Montauban. A Bouloc, il croise la joggeuse puis une voiture tous feux éteints en plein milieu de la chaussée. Il s’en souvient bien car il a dû éviter le véhicule et s’est arrêté à sa hauteur. Il a croisé le regard de l’homme au volant avant que celui ne redémarre en trombe. C’était une Clio. Son témoignage a permis d’établir un portrait-robot qui conduira à Laurent Dejean.

Le gendarme portraitiste témoigne aussi. "J’avais un témoin très précis dit-il, très concentré. C’est difficile de décrire quelqu’un de son entourage. Pour faire un bon portrait-robot, il faut avoir eu une émotion." Et c’est le cas de ce témoin qui s’est retrouvé face à cette Clio en pleine nuit, au beau milieu de la route alors qu’il roule à près de 90 km/heure.

Et pourtant, l’avocat de la défense ne voit pas les choses de la même façon. Quand vient son tour d’interroger le témoin qui s’exprime par visio-conférence, il tente de le décrédibiliser. Mettant en avant des points de description qui ont varié selon lui :

-"Estimez-vous avoir une bonne mémoire", demande l’avocat ?

-"Oui", répond le témoin

-"Et une bonne vue ? Parce que sur la vue, je ne sais pas mais sur la mémoire je vais vous interroger. Vous avez répété à plusieurs reprises que la Clio était grise puis vous direz ensuite qu’elle était de couleur claire. Mais, la voiture de Laurent Dejean est Blanc glacier, insiste Maitre Chebbani. Vous avez dit que le plafonnier de la Clio était allumé et maintenant vous ne savez plus. Vous décrivez le conducteur mesurant 1m75, 1m80 mais comment pouvez-vous dire ça s’il est assis ? Sur la tenue de Madame Bouchon, vous avez indiqué une tenue sombre avec une partie de vêtements rose puis vêtue de noir avec des trucs réfléchissant en bas. Etes-vous sûr d’avoir une mémoire fiable" ?

-"Vous interprétez, répond le témoin. Je ne pense pas avoir varié. Aujourd’hui, certains détails sont moins précis mais ce que j’ai dit à l’époque était vrai".

Le 19 février 2011, un portrait-robot du conducteur de la Clio est établi à partir de la description précise de ce témoin.
Le corps de Patricia Bouchon est découvert un mois plus tard à une dizaine de kilomètres de Bouloc. Elle a reçu de violents coups à la tête. Après la diffusion du portrait-robot qui n’intervient qu’en octobre 2013. Un autre témoin se manifeste et dit reconnaître Laurent Dejean sur ce dessin. Il précise que Laurent Dejean s’est débarrassé d’une Clio blanche quelques jours après le meurtre. Au total une trentaine de personnes l’ont reconnu sur le portrait.

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