Meurtre d'une joggeuse : une "mère-sorcière" au centre des débats à Nîmes

Au deuxième jour du procès en appel d'Anthony Draoui, jugé en appel à Nîmes pour le meurtre d'une jeune joggeuse en 2011, l'audition mardi de sa "mère-sorcière" a mieux fait comprendre la dérive violente du jeune homme.

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Convoquée à 10H00, c'est après 18H00, en raison de multiples retards de ce procès, que Manuela, 45 ans, silhouette et visage bouffis, cheveux longs et noirs a fait une entrée titubante devant la cour d'assises du Gard. Incapable de se tenir debout, c'est sur une chaise qu'elle s'est présentée devant la cour, son fils demandant depuis "la cage" des accusés de la "rassurer de quelques mots".

Tout va bien se passer, calme-toi", lui murmure-t-il.


Ayant préparé "33 pages" qu'elle n'est pas autorisée à lire devant le tribunal, la femme paraît vite perdue. "Je souhaiterais que vous parliez de votre fils spontanément", l'encourage la présidente. Un long silence hébété suit.

Puis elle articule avec peine : "je ne lui ai rien appris, je n'ai pas été une bonne mère. Je le mettais toujours à l'écart...comme une valise".


"Un homme avec qui je vivais m'a dit que je devrais corriger mon fils", poursuit-elle.

"Je devenais de plus en plus violente"

Confronté une nouvelle fois à l'indigence d'une mère avec qui il entretient selon les psychologues un lien "destructeur et indestructible", Anthony Draoui, 24 ans, se lève brutalement et demande à sortir.

J'en ai marre, tu ne me connais pas, tu ne peux pas dire deux mots sur moi!", s'exclame l'accusé, au bord des larmes.


"Il faut vous arracher les mots de la bouche", renchérit l'avocat de la défense Me Alain Riou, qui parle de "rôles inversés", Anthony, dès son enfance, "ramassant sa mère ivre morte ou droguée à l'héroïne".

Héroïne, alcoolisme, prostitution, scènes de violence extrême comme une tentative d'étranglement ou des violences sexuelles, hospitalisations en psychiatrie: l'avocat interroge la mère sur une vie de dérives qu'elle a fait subir à son enfant, souvent placé en foyers et familles d'accueil. Et elle répond à chaque fois un "oui" à peine audible.

"Il m'en veut de lui avoir fait subir ça" et "ça peut expliquer qu'il en soit arrivé là", finit par admettre la mère à propos du meurtre de Marie-Jeanne Meyer le 18 juin 2011 à Tournon-sur-Rhône en Ardèche. Et d'accepter "une part de culpabilité" dans ce meurtre pour lequel son fils a été condamné en première instance à 30 ans de réclusion avec une période de sûreté des deux tiers.

Avant de quitter péniblement la salle, celle qu'Anthony Draoui appelle sa "mère-sorcière" assure qu'elle aurait voulu "faire mieux" pour l'aider dans ce procès.

C'est pas grave, t'en fais pas, je me débrouille tout seul, j'ai l'habitude", lui répond-il dans un haussement d'épaules.


Le verdict est attendu ce mercredi.
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