Un adolescent de 16 ans a été mis en examen et écroué dimanche soir pour le meurtre et le viol d'une fillette de 12 ans, commis vendredi dans le centre thérapeutique dont elle était pensionnaire à Lodève (Hérault).
Dans un premier temps, l'adolescent, élève du même établissement, "a déclaré qu'il était étranger" au drame, avant de reconnaître l'existence de relations sexuelles, consenties selon lui, a expliqué le procureur de la République à Montpellier, Christophe Barret, lors d'une conférence de presse.
Il raconte ensuite être parti. Quand il est revenu sur les lieux, il l'a trouvée sans vie et pensait qu'elle s'était suicidée.
Des déclarations non corroborées par les constatations des enquêteurs et "les très nombreux témoignages recueillis". "Nous avons de bonnes raisons de penser que les relations sexuelles n'ont pas été consenties" et qu'"il lui a donné la mort", a affirmé le magistrat qui a ouvert une information judiciaire pour "meurtre sur mineur de moins de 15 ans précédé, accompagné ou suivi du crime de viol".
La jeune fille, prénommée Siham, est décédée d'un syndrome asphyxique. "On a relevé sur son corps des traces de strangulation d'une part, et d'autre part les experts estiment que d'autres mécanismes ont pu être mis en oeuvre", a détaillé le représentant du parquet. "Il peut s'agir par exemple soit d'un bâillon sur la bouche, soit de la position de son corps tel qu'il a été découvert qui ne lui aurait plus permis de pouvoir respirer normalement".
Elle avait disparu vendredi à la mi-journée de cet institut pour enfants et jeunes en difficulté de Campestre, situé dans un écrin de verdure à l'écart de la ville.
La direction avait donné l'alerte vers 13h, craignant une fugue. Des recherches étaient alors engagées par la gendarmerie qui mobilisait d'importants moyens, notamment un chien pisteur qui avait conduit les forces de l'ordre jusqu'au bord de la route départementale, et un hélicoptère.
Ce n'est qu'en fin de journée qu'une nouvelle fouille permettait d'aboutir. Son corps était retrouvé vers 22h30, dissimulé sous des vêtements, dans la lingerie située au troisième étage d'un pavillon en partie désaffecté.
Récit P.Bard - Reportage F3 LR L.Beaumel et B.Detugny
Sans antécédent judiciaire
Les soupçons s'étaient rapidement portés sur l'adolescent, seul à être absent à l'heure du déjeuner. Il avait été placé en garde à vue dans la soirée.
Les gendarmes de la section de recherches de Montpellier et de la brigade de recherches de Lodève, qui ont mené des investigations fouillées et ont longuement auditionné pensionnaires et enseignants, vont désormais s'attacher à retracer le déroulement des faits et cerner la personnalité du suspect.
Sans antécédent judiciaire et décrit comme un garçon ne s'étant pas fait remarquer dans le centre, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité "sauf si l'excuse de minorité est retenue", selon le procureur. Dans ce cas, il risque 20 ans de prison.
Selon l'Agence régionale de santé (ARS), le centre sera fermé lundi et un accompagnement psychologique mis en place pour le personnel et les familles qui le souhaitent. Sihem séjournait depuis deux ans dans cet "institut thérapeutique, éducatif pédagogique" (ITEP) qui accueille, dans de petits pavillons de bois édifiés dans un vaste parc de 22 hectares, 50 enfants et adolescents de 6 à 18 ans, pour l'essentiel en semi-internat, suivis par autant d'encadrants.
Les ITEP "ont pour mission d'accueillir des élèves qui présentent des difficultés psychologiques s'exprimant par des troubles du comportement perturbant gravement leur socialisation et leur accès à la scolarité et à l'apprentissage", explique l'institut sur son site internet. Le centre, mixte, accueille aussi quelques élèves présentant des déficiences intellectuelles.
Les premières explications concernant la garde à vue de l'adolescent de 16 ans.