Un père de famille de 27 ans sera jugé, lundi et mardi, par la cour d'assises du Gard à Nîmes, accusé d'avoir violé puis tué, Océane, 8 ans, une fillette qu'il connaissait. C'était début novembre 2011 à Bellegarde, un village gardois.
Nicolas Blondiau encourt la réclusion criminelle à perpétuité, qui peut être assortie d'une peine de sûreté de 30 ans, soit la condamnation la plus forte inscrite au code pénal français.
Le 5 novembre 2011, vers 18h30, Océane était partie chez un ami de la famille récupérer un jeu vidéo.
Dans ce petit bourg de 6.500 habitants, quelque 200 m séparent les deux maisons, via une rue très peu passante. Aussi quand une demi-heure plus tard, la fillette n'est pas rentrée, les parents s'inquiètent et alertent la gendarmerie.
Le corps de l'enfant sera retrouvé le lendemain, sur un chemin à 3 km du centre du village, pantalon baissé. L'autopsie mettra en évidence que la fillette a à la fois été étranglée et a reçu quatre coups de couteau au coeur. Des attouchements sexuels seront également mis en exergue.
L'enquête semble au point mort et le procureur de la République d'alors, Robert Gelli, envisage d'effectuer des prélèvements d'ADN sur toutes les connaissances de la famille voire sur tous les hommes du village, quand quelqu'un se présente à la gendarmerie le soir du 8 novembre.
Le meurtrier présumé est "Monsieur tout le monde"
Nicolas Blondiau, père de deux enfants, casier judiciaire vierge, vient demander à subir un prélèvement, affirmant ne plus se souvenir de ses activités le soir du crime. Il explique son amnésie par une prise importante d'alcool et de stupéfiants.
Mais quelques minutes avant son arrivée, son ex-concubine a téléphoné pour dire que son compagnon lui a avoué le meurtre.
Incriminé par l'expertise génétique, Blondiau avoue très vite. Et si à un moment de l'instruction il revient sur certaines déclarations, il finira par reconnaître à nouveau le viol.
Aux enquêteurs, Blondiau a raconté qu'il se rendait chez la même personne qu'Océane, qu'il l'avait vue et lui avait proposé de l'emmener parce qu'il pleuvait. Mais il avait continué sa route, s'était arrêté à l'écart, l'avait violée, puis prenant conscience de son geste, il avait décidé de la tuer.
Reste à comprendre le passage à l'acte de cet homme décrit par son entourage à la fois comme "attentionné, affectueux et généreux", s'occupant bien de ses enfants, mais aussi "alcoolique, fainéant, impulsif, grossier, menteur, insouciant et capable de s'énerver pour rien".
"Il est insignifiant. C'est monsieur tout le monde. C'est d'ailleurs ça qui est affolant. C'est un blondinet qui n'a pas une mine patibulaire", note Me Béatrice Lobier-Tupin, avocate de la partie civile, pour qui ce meurtre va "au-delà de la
compréhension des parents" parce que l'accusé "connaissait leur fille".
Le lendemain de la découverte du corps, Blondiau était venu voir le père, l'avait pris dans ses bras et lui avait dit: "Ne t'inquiète pas, on va retrouver cet enculé".
Pour leur avocate, "les parents n'attendent rien de ce procès si ce n'est qu'ils veulent qu'on parle de leur fille, de leur immense douleur. Océane était leur seule enfant. Elle est morte et leur vie s'est arrêtée". "Blondiau a reconnu les faits.
La seule incertitude de ce procès, c'est la durée de la période de sûreté", ajoute-t-elle.
Les avocats de la défense pour leur part n'ont pas souhaité s'exprimer, refusant "la médiatisation d'une martyre et de son meurtrier", selon Me Jean-Pierre Cabanes.