"Je ne voulais pas le faire". A l'ouverture de son procès en appel pour le viol et le meurtre, en 2011, d'Océane, 8 ans, dans le Gard, Nicolas Blondiau a exprimé pour la première fois "tous (ses) remords et tous (ses) regrets". Un début d'explication et de repentance de la part du meurtrier.
Même s'il avait reconnu les faits, jamais Nicolas Blondiau n'avait exprimé aussi clairement des remords lors de son procès en première instance, devant la cour d'assises de Nîmes.
"Je sais que ça ne va pas les (les parents d'Océane, ndlr) soulager mais si j'ai fait appel, c'est pour leur dire tous mes remords et tous mes regrets", a déclaré d'une voix chevrotante Nicolas Blondiau, 28 ans.
"Ce que j'ai fait, je ne voulais pas le faire. J'étais pris de panique, je ne sais pas ce que je faisais", a ajouté celui qui avait été condamné en décembre 2013 à la perpétuité incompressible.
L'accusé est "hanté" et fait "des cauchemars", selon le psychiatre qui écarte tout risque de récidive
Son parcours de vie est marqué par la séparation de ses parents, le sentiment de ne pas avoir été aimé par sa mère et une agression sexuelle dont il a été victime à l'âge de 17 ans.
Lors des faits, père de trois enfants, dont un nourrisson, âgé de 25 ans, il venait de se séparer de sa compagne.
"J'ai beaucoup fui par rapport aux mauvaises fréquentations que j'avais en dehors de mon couple, mes problèmes d'alcool", a-t-il reconnu, admettant "des erreurs de ne pas tenir un travail, de ne pas avoir sauvé mon couple".
"J'ai été un père qui était présent au début, malheureusement je ne l'ai pas été après", a-t-il dit.
"Il demandait de l'argent pour lui et ses enfants et c'était pour aller boire un coup avec ses copains. C'était plus fort que lui, combien de fois je lui ai fait la morale", s'est remémoré son père qui continue à le visiter en prison.
"C'est le rôle du père d'aller le voir. Je ne peux pas abandonner mon fils malgré ce qu'il a fait", a-t-il poursuivi.
L'expert psychiatre, le docteur Roland Coutanceau, pour qui le passage à l'acte a été favorisé par la "situation existentielle de déstabilisation" qui affectait Nicolas Blondiau au moment des faits, a écarté tout risque de réitération du crime.
Mutique lors du premier procès d'Assises à Nîmes
Lors de ce procès, "assommé de médicaments", selon son avocat Jean-Pierre Cabanes, l'accusé s'était borné à expliquer d'une voix inaudible son geste par "une pulsion".
Il avait rechigné à raconter le déroulement des faits, malgré les supplications des parents d'Océane, oscillant entre douleur et colère.
Jeudi, il a aussi répondu posément aux questions sur son parcours de vie, marqué par la séparation de ses parents et une agression sexuelle dont il a été victime à l'âge de 17 ans.
L'expert psychiatre, le docteur Roland Coutanceau, a écarté tout risque de réitération du crime, allant à rebours de la plupart de ses confrères qui avaient avancé "un risque de récidive élevé" lors du premier procès.
"Sa mémoire a emmagasiné le fait d'avoir fait ça. Il est marqué lui-même par son acte. Ce regret le structure. Même si cet homme sortait aujourd'hui je pense qu'il ne passerait pas à l'acte. Il est vacciné contre ça", a-t-il estimé.
Selon l'expert, la "situation existentielle de déstabilisation" au moment des faits dont Nicolas Blondiau est accusé -liée notamment à sa séparation récente avec sa compagne, son addiction à l'alcool, son égocentrisme- avaient facilité le passage à l'acte.
L'expert psychiatre a comparé l'excitation sexuelle de l'accusé à "une vague déferlante", au cours de laquelle "l'autre n'existe pas tant qu'il est habité par sa rêverie érotique" pour expliquer son absence d'empathie alors qu'Océane pleurait et se débattait.
Les parents n'avaient pas déposé lors du premier procès
La mère d'Océane, le visage crispé par la douleur, a indiqué qu'elle souhaitait témoigner. Le père de la fillette, le corps secoué par des tremblements, a décliné l'invitation du président de la cour d'assises, Luc Barbier, à s'exprimer au cours
des débats.
Nicolas Blondiau avait été condamné à la perpétuité réelle pour avoir violé, étouffé et poignardé à quatre reprises dans la région du coeur Océane, 8 ans.