Il y a quelques jours l'ourse Sorita a été aperçue accompagnée de trois oursons dans la vallée d'Aspe (Pyrénées-Atlantiques). C'est un nouvel épisode du feuilleton du retour de l'Ours dans les Pyrénées, qui fête en cette mi-mai ses vingt-cinq ans. Cette réintroduction ne fait pas que des heureux.
Longtemps considéré comme un prédateur, l'ours a presque totalement disparu des Pyrénées jusqu'à la décision de sa réintroduction. Deux femelles slovènes ont été lâchées en mai 1996 : en un quart de siècle leur population a dépassé les soixante individus, mais l'opposition entre pro et anti-ours n'a cessé de s'exacerber.
En 1937 les derniers ours disparaissent des Alpes et du Vercors : il n'en reste plus qu'environ 150 dans le massif pyrénéen. Vingt ans plus tard, ils sont à peine la moitié quand l'Etat interdit la chasse à l'ours, puis 36 en 1972.
Une espèce en voie d'extinction
La situation continue de se dégrader lentement, et il n'en reste plus que 5 - dont aucun dans les Pyrénées-centrales - quand le ouveau "plan ours" se concrétise par le lâcher de 2 femelles importées de Slovénie, Ziva et Melba, en 1996.
Au fil des réintroductions leur nombre augmente progressivement, mais la toute dernière femelle représentante de la race d'ours brun française - Cannelle - est abattue par un chasseur le 1er novembre 2004.
L'Ariège attire les ours
Depuis lors on a pu constater que la population d'ours dans le massif pyrénéen a peu à peu migré vers l'Ariège : ils sont aujourd'hui une cinquantaine dans ce département. En 2020 on avait recensé 64 animaux au total, mais 3 mâles ont été tués par l'Homme et les deux premiers oursons de la femelle Sorita sont morts.
Selon l'association Ferus - qui milite pour la défense de l'ours, du loup et du lynx - l'ourse Sorita a été aperçue accompagnée de trois oursons, dans la vallée d'Aspe, en Béarn (Pyrénées Atlantiques) là où elle avait été relâchée en Octobre 2018.
Cette découverte est considérée comme une bonne nouvelle pour les partisans de l'ours des Pyrénées, même si elles considèrent que ce n'est qu'un petit pas en direction du développement d'une population en nombre suffisant pour assurer sa pérennité.
Cette triple naissance coïncide avec l'annonce d'une nouvelle mesure prise par le gouvernement, pour se mettre en conformité avec les directives européennes : pas moins de huit millions d'Euros vont être injecté dans le plan "LIFE-OURS-PYR", ce que dénoncent les opposants à cette politique de développement.
Selon eux elle va contre les intérêts des agriculteurs de montagne, en premier lieu les éleveurs (surtout de moutons).
La principale cause de ces dissensions qui ne font que s'exacerber : dans d'autres parties du massif pyrénéen, et principalement sur les versants espagnols, les éleveurs ont posé des clôtures autour de leurs terrains d'estives, et rentrent leurs troupeaux dans des bergeries la nuit pour les protéger des attaques des plantigrades.
Les éleveurs ariégeois cultivent leur différence : leurs bergeries sont en plaine, pour abriter leurs bêtes en hiver, alors que les estives se pratiquent sur un territoire libre de toute clôture, et beaucoup moins pourvu en refuges bâtis.
Du coup les attaques d'ours y sont les plus fréquentes, et causent chaque année la perte de nombreuses brebis.
Actuellement le principal reproche que les défenseurs des éleveurs font au plan "LIFE-OURS-PYR" c'est qu'il a été signé par les représentants du Parc Naturel des Pyrénées, ce qui s'est fait en catimini selon eux.
Certes les pouvoirs publics leur proposent des fonds pour les aider à financer l'équipement de leurs exploitations selon les modalités citées plus haut : pour autant ces financements et ces travaux entraîneraient une trandformation d'un mode de vie qui constitue leur héritage autant culturel qu'agricole.
Un heureux événement pour les défenseurs de l'ours
Pendant ce temps les ours des Pyrénées continuent à vivre leur vie d'ours : la portée de trois oursons mise bas par Sorita en est la preuve la plus éclatante.
Pour les membres de l'association Férus, le travail d'enquête commence : ils vont recueillir des poils et des crottes de la petite famille et faire effectuer des analyses génétiques pour tenter d'identifier le mâle qui est leur père.
L'essentiel pour ces militants c'est le fait que cet "heureux évènement" se soit produit en Béarn : hormis en captivité, il n'y avait plus eu de naissance dans la partie occidentale du massif Pyrénéen depuis les années 70, il y a presque un demi-siècle.