Dans la nuit vendredi à samedi, la nouvelle dans le mundillo s'est répandue de smartphone en smartphone : Morante a donné un faenón à Huelva! Voici les images de ce moment rare.
Il faisait une chaleur impressionnante en Andalousie. C'est peut-être à cause de ça que les gradins de Huelva n'étaient garnis qu'aux deux tiers vendredi soir, malgré une affiche prometteuse : toros de Juan Pedro Domecq pour Morante, Manzanares et David de Miranda, torero local qui revenait aux arènes un an après une forte blessure reçue dans les arènes de Toro.
Les deux premiers Juan Pedro, faibles et comme abrutis par la chaleur, ont été expédiés par Morante et Manzanares dans une sorte de torpeur. La corrida n'a vraiment commencé qu'au troisième toro auquel David de Miranda, légitimement encouragé par ses fans, a coupé les deux oreilles.
Puis est arrivé Marc, le quatrième. Un toro aux cornes refermées, au galop régulier et à la noblesse sans défaut : une crême de toro! Son frère, Ombú, plus costaud et considérablement mieux armé, avait été un des toros les plus en vue de la feria de San Isidro. Marc avait autant de classe Ombú, et une agressivité manifestement plus simple à canaliser.
Véroniques données le menton dans le jabot, chicuelinas désinvoltes, encores des véroniques, banderilles comme en se promenant (malgré une bousculade après la deuxième paire), cartucho de pescado pour commencer la faena de muleta, derechazos sans une faute de tempo, naturelles données pieds joints pour finir et estocade efficade pour conclure : deux oreilles!
Il était vingt et une heure trente et les smartphones commencèrent à vibrer chez les aficionados de la planète.
Après un début de saison poussif, on se disait que Morante était enfin de retour.
Le lendemain soir au Puerto Santa María, il vit dans le regard ou le comportement du toro remplaçant de Fernando Sampedro quelque chose qui ne lui convenait pas. Il ordonna qu'on le pique plus que de raison, lui donna deux coups de muleta (on ne saurait appeler ça des passes), puis le tua sans autre forme de procès et se fit engueuler comme lui seul sait le faire…