Les procureurs de la République exigent plus de moyens pour lutter contre les violences conjugales". A Béziers, le constat est amer: "l'écho donné aux récents crimes conjugaux apparaît singulièrement centré sur l'institution judiciaire qui porterait, seule, la responsabilité de ces drames".
"La lutte contre les violences conjugales est l'une des priorités majeures des procureurs de la République et des magistrats de leurs parquets. Elle exige des enquêteurs et des magistrats en nombre suffisant ainsi qu'un service d'insertion et de probation suffisamment étoffé et disponible". Comme tous ses collègues, Jean-David Cavaillé n'est pas content.
Le procureur de la République de Perpignan évoque le travail réalisé dans le département : "favoriser le dépôt de plainte, assurer la sécurité des victimes, la mise en place d'outils de protection (téléphone grave danger, bracelet anti rapprochement)" mais "le constat aujourd'hui est que les enquêteurs, les magistrats des parquets, les conseillers d'insertion et de probation sont en nombre insuffisant".
L'écho donné aux récents crimes conjugaux apparaît singulièrement centré sur l'institution judiciaire qui porterait, seule, la responsabilité de ces drames
A Béziers, le constat est amer: "l'écho donné aux récents crimes conjugaux apparaît singulièrement centré sur l'institution judiciaire qui porterait, seule, la responsabilité de ces drames". Raphaël Balland explique: "les professionnels savent pourtant que les violences conjugales doivent interroger la société dans son ensemble, en particulier sur la lutte contre les addictions".
Et le procureur de la République de donner des exemples: "Sur les 817 dossiers de violences volontaires jugés par le tribunal correctionnel de Béziers en 2018 et 2019, 86% des auteurs de violences conjugales étaient sous l'emprise de l'alcool ou de produits stupéfiants, ou les deux à la fois. C'est à la société toute entière de s'interroger sur les causes qui font basculer des millions de nos concitoyens dans des comportements addictifs destructeurs".
86% des auteurs de violences conjugales étaient sous l'emprise de l'alcool ou de produits stupéfiants, ou les deux à la fois. c'est à la société toute entière de s'interroger
Raphaël Balland demande lui aussi plus de moyens: "si le ratio "nombres de magistrats du parquet pour 100 000 habitants" de la moyenne des 47 pays du Conseil de l'Europe était appliqué en France, nous devrions être 36 magistrats au parquet de Béziers et non pas seulement 9 et les effectifs du greffe devraient être doublés. il faut agir immédiatement".
Le soutien de Robert Badinter
“C’est une justice où les magistrats font tout ce qu’ils peuvent. Tant de dévouement à la chose publique... C’est toujours payé par la critique des démagogues. Et je ne supporte plus ça.” Robert Badinter #Clhebdo pic.twitter.com/2psstLy2kS
— C l’hebdo (@clhebdo5) June 5, 2021
Dès samedi, Robert Badinter, avocat et ancien ministre de la justice avait apporté tout son soutien aux magistrats: “C’est une justice où les magistrats font tout ce qu’ils peuvent. Tant de dévouement à la chose publique... C’est toujours payé par la critique des démagogues. Et je ne supporte plus ça.”
Effectif en hausse de 10% selon le Ministre
Suite à cette démarche nationale des procureurs de la République, le Ministre de la justice s'est dit : "à l’écoute de leur demande de moyens formulée pour renforcer encore la lutte contre les violences conjugales". Et Eric Dupont-Moretti de poursuivre: "Pour mémoire, depuis décembre, les effectifs des services judicaires ont augmenté de 10% grâce à l’embauche de 2000 personnes destinées à lutter contre la petite délinquance et à réduire à 6 mois les délais de jugement au civil".