Comment les habitants d'Occitanie organisent-ils leurs vacances, pour un nouvel été placé sous le signe de la pandémie ? Comme l'an passé, notre région peut-elle tirer son épingle du jeu, grâce à ses destinations "vertes" ? Eléments de réponses.
Et si la crise sanitaire liée à l'épidémie de coronavirus changeait durablement nos habitudes de vacances ? Cet été 2021, le second sous Covid, sera déterminant : les premières tendances montrent en effet que les modifications de consommations touristiques observées l'an passé sont en train de se confirmer.
L'effervescence en partie retrouvée dans les aéroports d'Occitanie
Seulement 30% des destinations touristiques habituelles sont actuellement ouvertes aux voyageurs : c'est donc tout naturellement que ces derniers se tournent vers le sud de l'Europe, la Grèce et l'Espagne en tête, même si la flambée des cas de covid des derniers jours en Catalogne et en Aragon peut freiner certaines réservations et vers le littoral de la Méditerranée.
Dans le hall de l'aéroport Montpellier-Méditerranée, les passagers sont de retour. Après des mois difficiles, c’est la perspective de vols bien remplis sur la trentaine de destinations proposées.
"Les réservations sont excellentes", se réjouit Emmanuel Brehmer, le directeur de l’Aéroport Montpellier-Méditerranée.
Transavia parle de 1.200 réservations par jour et ce qui est très important, c’est que c’est dans les deux sens : on est aujourd’hui une destination touristique, comme d’habitude, mais on a aussi énormément de destinations offertes aux habitants de notre zone pour partir un peu partout en Europe.
Au guichet de l’aéroport, une Héraultaise se renseigne sur les départs pour Santorin, une ile grecque où l’on peut désormais débarquer directement de Montpellier. "On est déconfinés mais pas encore très rassurés… On souhaite voyager dans les meilleurs délais et Santorin fait partie des destinations qui nous intéressent! ".
L'Occitanie attirent les vacanciers
En 2020, les Français, privés de voyages à l'étranger, ont redécouvert leur pays. Et cette année encore, ils envisagent d'y rester, par goût autant que par manque d'anticipation possible, les réservations ayant été suspendues à l'évolution de la situation sanitaire et aux décisions gouvernementales.
La région Occitanie, qui a perdu 4,5 milliards d'euros de recettes touristiques en 2020, est l'une des régions qui a le mieux tiré son épingle du jeu l'an passé et cet été encore, elle reste une des destinations régionales privilégiées par les Français. Et les Occitans eux-mêmes, puisque d'après les premiers sondages, ils devraient en majorité rester dans la région.
La tentation des grands espaces
Bien sûr, les rivages de la Méditerranée demeurent extrêmement attractifs mais la tendance de 2020, "plus local, plus sain, plus vert", est en train de s'ancrer à moyen terme. Selon certaines enquêtes des professionnels du tourisme, les Français recherchent en majorité pour leurs vacances estivales, des espaces moins fréquentés. Moins chers aussi. Et comme ils ont beaucoup économisé l'an passé, notamment en raison du report ou de l'annulation des leurs voyages, leurs séjours cette année seront plus longs, explique Jean-Pierre Mas, le président des Entreprises du voyage.
"La durée moyenne des vacances augmente de deux jours", précise-t-il.
Ces intentions se confirment dans un département comme l'Aveyron. Selon Tourisme Aveyron, l'agence de développement touristique, "les retours des hébergeurs sont très optimistes pour la saison à venir. Le niveau des réservations pour les mois d'été est très encourageant."
On note une embellie pour le locatif (gîtes et chambres d'hôtel). C'est en revanche plus contrasté pour les hébergements qui accueillent des groupes.
Même son de cloche du côté des sommets. La saison estivale promet d'être belle dans les Pyrénées. Particulièrement dans les gîtes, avec une hausse de 56 % des réservations enregistrée pour la saison estivale 2021 par rapport à l'été 2020.
Moins de touristes en ville
Alors, ces nouvelles habitudes se prennent-elles au détriment de destinations habituellement prisées ? Selon une étude du cabinet McKinsey, les destinations traditonnellement bondées devraient retrouver cet été un flux de visiteurs plus modéré. Mais dans des départements ruraux, comme le Lot par exemple, les sites très connus et fréquentés tels Saint-Circq-Lapopie, Rocamadour, ont eux-même bénéficié de l'engouement pour le tourisme vert. "Les vacanciers venus pour les loisirs comme le VTT, le canoë, la randonnée ne se sont pas privés d'aller visiter ces sites, au motif de l'épidémie", explique le comité départemental du tourisme, "tout le territoire a été fréquenté de manière homogène et les sites de visites s'en sont très bien sortis".
Les villes - moyennes et grandes - en revanche ne font pas partie des plans des touristes. Cet été encore, elles risquent de souffrir de ce manque d'attractivité, les vacanciers préférant à nouveau les faibles densités de population. Ainsi, Lourdes, deuxième ville hôtelière de l’Hexagone, a connu en 2020 une désertion record : elle représentait à elle seule 17% des nuitées perdues.
De la même façon, Carcassonne a, l'an passé, perdu près de 50% de ses visiteurs : une chute qui s'explique que ces derniers sont surtout des étrangers, empêchés de se déplacer en France en 2020.
Lien social... au vert
Le profil des touristes en Occitanie aujourd'hui : voilà qui intéresse fortement le conseil régional du tourisme et des loisirs.
"Il va falloir bien identifier ces nouvelles populations", explique Jean Pinard, le directeur général du CRTL. "Ce qui se dessine déjà, ce sont d'une part ceux qui partaient autrefois à l'étranger, ceux qui ont fait des économies et ont pu se payer des vacances haut-de-gamme. Mais aussi une partie de la population qui a bénéficié d'aides, y compris régionales, et qui a pu partir en vacances, parfois pour la première fois. C'est très important, ce temps libéré. Le tourisme, c'est aussi du lien social. Plus de grand air, plus de sport, moins d'écran, ça contribue à une société plus apaisée".
Si beaucoup d'Occitans disent vouloir passer leur vacances dans leur région, certains sont attirés par des voyages courts.
L’Europe, principale destination des touristes languedociens
Partir oui mais pas trop loin... C'est en résumé la tendance des prochaines semaines dans les agences de voyages héraultaises. La France et ses voisins sont largement plébiscités même si la situation face au Covid et son variant Delta y est encore bien fragile.
"Cet été, on reste sur l’Europe principalement" résume Pierre Braud, agent de voyage à Juvignac, près de Montpellier. "Et en particulier, le bassin méditerranéen avec en majorité la Grèce, les Cyclades, l’Italie et l’Espagne, bref les destinations proches."
Pour les croisières ou les longues distances, les clients préfèrent reporter leurs séjours à 2022. Il y a trop d'incertitudes tant sur l'évolution de la situation sanitaire que sur les remboursements complets en cas d'annulation.
"Pour les annulations, c’est assez compliqué " avoue le responsable de l’agence de voyage.
Les règles qui sont valables le mardi sont contrecarrées le vendredi ou la semaine suivante. En 34 ans de métier, je n’ai jamais connu ça !
Avant de partir, même en Europe, mieux vaut donc se renseigner sur le site internet du gouvernement et vérifier les conditions d'entrée dans le pays choisi. Mais aussi se renseigner sur les dernières tendances du Covid selon les zones géographiques. Ainsi, en Espagne, la Catalogne commence à subir une nouvelle flambée du virus avec le variant Delta qui se répand à grande vitesse parmi les jeunes.