Selon l’agence sanitaire Santé publique France, la région Occitanie, est celle où l’on boit le plus d’alcool. Elle devance la Nouvelle Aquitaine et les Hauts-de-France, alors que l’Ile-de-France est, en métropole, celle qui en consomme le moins.
L'Occitanie est la région de métropole où la proportion de gens qui boivent de l'alcool tous les jours est la plus forte, et l'Île-de-France celle où elle est la plus faible, selon des données publiées mardi par l'agence sanitaire Santé publique france, qui dépend du ministère de la Santé.
De l’alcool tous les jours pour 12% des adultes
En Occitanie, 12,6% des adultes de 18 à 75 ans boivent quotidiennement de l'alcool, contre 7,1% en Île-de-France.
Un phénomène qui n'est pas nouveau : on a toujours consommé beaucoup d'alcool en Languedoc-Roussilon et en Midi-Pyrénées. Néanmoins, la consommation quoditienne a été divisée par deux depuis 2000: elle est passée de 29,0% à 13,4% en 17 ans.
Cette évolution observée chez les hommes comme chez les femmes.
La moyenne nationale est de 10% note l'agence sanitaire, alors que se déroule actuellement l'opération "Défi de janvier", lancée par des associations et qui consiste à arrêter de boire de l'alcool pendant un mois.
Les autres régions où la consommation quotidienne est la plus importante sont la Nouvelle-Aquitaine (12,3%) et les Hauts-de-France (11,5%), et celle où elle est la moins élevée est la Normandie (7,9%) et les Pays-de-la-Loire (8,1%).
Enfin, en Outre-mer, la consommation quotidienne est sensiblement moins importante qu'en métropole (5,2% en Guyane, 5,8% à La Réunion, 6,9% en Guadeloupe et 7% en Martinique).
En Occitanie, on privilégie le vin
Selon le rapport de Santé Publique France, les alcools consommés diffèrent selon les régions : en Occitanie, Nouvelle-Aquitaine, et en Auvergne-Rhône-Alpes, la consommation de vin est plus importante alors que dans les régions du Nord, de l'Est et la Bretagne consomment plus de bière que le reste du pays.En Occitanie, on boit deux fois plus de vin (33%) que de bière (17.5%) ou d'alcools forts (10.3%).
Paradoxe en Occitanie : on boit plus d'alcool qu'ailleurs mais on en meurt moins ?
Selon les chiffres cités par l’étude, le taux de mortalité cumulée associée aux principales pathologies liées à la consommation d’alcool (cancers des voies aérodigestives supérieures, cirrhose du foie, psychose alcoolique et alcoolisme) était de 9,0 pour 100 000 habitants chez les femmes et de 36,4 chez les hommes.
En 2017, ces taux étaient inférieurs à ceux des autres régions de France métropolitaine.
Comment expliquer ce paradoxe ? Peut-on affirmer que nous sommes la région où l’on boit le plus d’alcool au quotidien mais où on en meure le moins ?
Ce raccourci est trompeur affirme Anne Guignard, médecin de Santé publique France Occitanie
"Il faut prendre en compte le temps de latence des cancers. Nous ignorons encore quel sera le taux de cancers au sein de la population interrogée en 2017 pour l’étude. D’autre part, il n’y a pas de cancer à 100 % lié à l’alcool ; l’alcool n’est pas un facteur unique, il contribue à hauteur de 50 à 70 % au cancer. Et enfin, le mode d’alimentation, l’hygiène de vie et la prise en charge médicale varient d’une région à l’autre. Il faut prendre en compte ces facteurs pour analyser la situation."
Pour ce médecin toulousain, ce n’est pas non plus une question de qualité d’alcool.
Ce n’est pas parce que on boit du vin haut-de-gamme bio ou nature qu’on ne tombera pas malade.
"Un verre d’alcool reste un verre d’alcool que ce soit du vin, de la bière ou du whisky; Aucune étude sérieuse récente n'affirme que boire un verre de vin rouge par jour est bon pour la santé."
L’alcool tue 41 000 français par an
Même si globalement, on boit moins en France que dans les années 60 , on compte encore chaque année 41 000 décès liés à l’alcool. Et pour les trois quarts, ce sont les hommes qui en meurent, en Occitaien comme dans toute la France.
"La consommation d'alcool reste l'une des principales causes de mortalité évitable "avec 41.000 décès en 2015, 30.000 chez les hommes et 11.000 chez les femmes", affirme Santé publique France.
Pas plus de 10 verres d'alcool par semaine
Selon les nouvelles normes établies par les autorités sanitaires en 2017, pour préserver sa santé c'est désormais :- 2 verres par jour,
- pas tous les jours
- 10 verres maximum par semaine
La tendance du "binge drinking" : boire beaucoup en une soirée
Le pourcentage de jeunes de 17 ans qui consomment de l'alcool en Occitanie est supérieur à celui de la France métropolitaine.En 2017, 89,5 % des jeunes avaient déjà consommé de l’alcool au moins une fois dans leur vie ; 18,7 % ont consommé 6 verres ou plus en une seule occasion au moins 3 fois par mois.
Cette consommation mensuelle de 6 verres ou plus, en une seule occasion se nomme le "binge drinking".
Là encore, c'est l'Île-de-France qui affiche les chiffres les plus bas : cela concerne 13,9% des adultes, contre 20,5% en Bretagne, région où ce mode de consommation est la plus élevée.
Depuis 2005, cette consommation très spécifique, qui correspond au "binge drinking" anglo-saxon, a particulièrement augmenté en Bretagne, en Auvergne-Rhône-Alpes, en Normandie ou en Île-de-France.
Ces données confirment les tendances observées en Europe, peut on lire dans le rapport,
"les comportements tendent à s'uniformiser", malgré la coexistence historique de deux modèles culturels: "Un modèle latin d'usage régulier d'alcool opposé à un modèle nordique et anglo-saxon de consommations moins fréquentes mais plus importantes".