Occitanie : les loueurs de ski des stations des Pyrénées se sentent eux aussi dans l'impasse

Suite à la publication d'une lettre ouverte signée par cinq loueurs de matériel de ski des Alpes intitulée "La montagne en dépôt de bilan", nous avons voulu connaître le point de vue de professionnels du secteur dans les Pyrénées. Le constat paraît identique. 

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"La montagne en dépôt de bilan", c'est le titre d'une lettre publique, en forme d'alerte, signée par 5 gérants de magasins de sports d'hiver d'Auvergne-Rhône-Alpes. Ils craignent que les stations ne rouvrent pas le 7 janvier comme prévu. Dans les Pyrénées, ce sentiment de détresse semble partagé.

"Sincèrement, on ne comprend pas pourquoi les gens peuvent s'entasser dans les métros, les RER ou dans les grandes surfaces et nous, en plein air, on ne nous laisse pas le droit d'exercer", regrette avec force Roger Delpon, gérant de Nikita sports, un commerce de location et de vente d'articles de ski à Bonascre sur la commune d'Ax-les-Thermes en Ariège.

Entre incompréhension et amertume

"Nous, pour les distances, on est plus à 80m2 qu'à 8m2 ! Et sur des télésièges 6 places, on peut ne faire monter que 2 personnes. Idem pour la queue au téléski, ça se gère. Vraiment c'est incompréhensible !". Même constat amer pour Jean-Claude Sarrat qui gère des magasins Intersport à Peyragudes dans les Hautes-Pyrénées. Il estime qu'on a suivi la décision d'Angel Merkel, au détriment de l'économie montagnarde en France.

"Mais on n'est pas dans la même situation économique que l'Allemagne ! Nous sommes beaucoup plus fragiles. Or qui fait le pays ? Les gens qui travaillent. On est en train de faire faire faillite à ce pays. On a des départements comme les Hautes-Pyrénées où l'économie de la montagne draîne l'ensemble du tissu de l'alimentaire, au bâtiment, en passant par l'artisanat. Et ce jusqu'à Tarbes".

"On dort plus la nuit"

Le commerçant a le sentiment d'avoir la corde au cou. "Après 53 ans d'existence, on est près de la faillite. Là on est dans les soldes parce qu'on est au bout du rouleau, il faut faire rentrer de l'argent. Mais on bricole, on n'a personne. J'ai 15 personnes en chômage partiel et 15 qu'on n'a pas pu embaucher au début du mois qui sont à l'agonie. On dort plus la nuit dans une situation comme ça"

Même si leurs magasins restent ouverts et qu'ils louent quelques paires de skis de rando, la compensation n'est pas à la hauteur. Pour Jean-Claude Sarrat comme pour Roger Delpon, le chiffre d'affaire a chuté drastiquement. Ils estiment la chute à 80 à 90% en comparaison des autres années. "Ici à Peyragudes, on est deux loueurs, poursuit Jean-Claude Sarrat. Si on fait faillite, la station est morte".

Reprise incertaine

Et ce n'est pas le PGE (prêt garanti par l'Etat) qui le rassure. "On nous prête mais il va falloir rembourser. Or si la situation s'installe, on ne pourra pas. On est en train d'être racheté en fait, il sert à ça le PGE" se révolte-t-il. Les deux professionnels ne croient pas vraiment à une reprise de l'activité, ni le 7 janvier comme annoncé, ni en février. 

Roger Delpon se verse un maigre salaire et son associée est au chômage partiel en attendant la reprise... Mais l'heure est aux regrets, "surtout que la neige est là et elle est d'une qualité exceptionnelle !" déplore-t-il sobrement.

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