Occitanie : Nutri-score, un classement alimentaire difficile à avaler pour les produits régionaux

Le logo gagne nos rayons de supermarché. Une étiquette qui va du vert à l’orange pour évaluer la qualité nutritionnelle de ce que l'on mange. Mais qui pourrait pénaliser les produits régionaux selon leurs défenseurs en Occitanie. Ils demandent à l'Europe de revoir sa copie. Explications.

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Cinq couleurs, cinq lettres de A à E : le Nutri-score s’impose de plus en plus sur nos aliments. Une indication censée vous aider à manger moins gras et moins sucré et mieux choisir vos produits transformés et boissons (hors alcool). Et depuis le 1er janvier 2021, ce logo doit figurer sur les dépliants publicitaires.Une démarche louable mais qui ne serait pas adaptée aux produits alimentaires traditionnels selon l’Institut Régional de la Qualité Alimentaire en Occitanie.

Le Nutri-score, bientôt obligatoire sur tous les produits ?

L’Irqualim part en guerre contre cette classification que l’Europe pourrait imposer à tous les produits sans distinction en 2022. Une demande forte de près de 270 scientifiques et une vingtaine d’associations.  Des experts dans les domaines de la santé (obésité, cancérologie, pédiatrie…) ont lancé en mars un appel pour la mise en place rapide de cet étiquetage.

Quel produit choisir entre un fromage à tartiner allégé, classé B, et un Rocamadour, un Roquefort ou un Pélardon classés D ou E mais garants d’une recette traditionnelle ?

Du côté de l’Irqualim, on est bien sûr favorable à ce logo pour les produits (industriels) ultra transformés, mais il faut en exempter les produits du terroir. Car il sème la confusion, résumée dans ce communiqué : « Quel produit choisir entre un fromage à tartiner allégé, classé B, et un Rocamadour, un Roquefort ou un Pélardon classés D ou E mais garants d’une recette traditionnelle ? Entre un rôti de porc cuit (-25% de sel, avec des additifs et des exhausteurs de goût) classé B et une tranche de Jambon Noir de Bigorre AOP classé D ou E ? »

Le miel, trop sûcré pour être bien classé

Pour le directeur Pierre Ginèbre, ce Nutri-score est tout d’abord inapplicable sur certains produits simples comme le miel, riche en sucre, ou une bonne huile d’olive, par nature riche en gras. Impossible de baisser ces paramètres et donc la note sera très défavorable.

On ne va pas demander à des abeilles de butiner des fleurs sans sucre.

Pierre Ginèbre, Directeur de l'Institut Régional de la Qualité Alimentaire

Le projet européen prévoyant aussi d’interdire la publicité pour les produits mal-classés, terminée la promotion de ces produits du terroir.  Des produits pourtant bons pour la santé en usage classique : une cuillère de miel sur la tartine ou d’huile dans la salade apparait moins nocive que d’autres sodas industriels absorbés en quantité.

Le casse-tête des recettes traditionnelles

De plus, un autre problème se pose : celui des recettes traditionnelles. Bien difficiles elles-aussi à modifier. Prenez un jambon de Lacaune, ou un Pélardon des Cévennes soumis un cahier des charges strict. Des fromages et charcuteries qui seront probablement classés D ou E malgré la démarche qualitative.

Et en Occitanie, cette étiquette distribuée sans distinction pourrait mettre un frein à l’engouement pour les produits du terroir, malgré les efforts faits. La région revendique plus de 250 appellations (AOC, AOP etc.). C’est aussi la première en production bio.

Une bonne idée, mais...

Enfin l’Irqualim voit un dernier effet pervers. Le Nutri-score permet aujourd’hui aux enseignes de mettre en avant des produits allégés à base d’édulcorant et autres substances controversées.  « Mais plutôt d’absorber des litres de cola à la recette modifiée, ne vaut-il pas mieux boire un peu plus d’eau dans la journée et un bon verre de jus de pomme bio de temps en temps pour se faire plaisir ?" interroge Pierre Ginèbre.

L’affaire donne des boutons aux producteurs de la région, qui tentent de mobiliser ailleurs en France. Acte 1 : tenter de convaincre le monde politique de revoir la copie du Nutris-core, en fonction du type de produits. Acte 2 : expliquer l’affaire aux consommateurs… Cassoulet, garbure et autres rousquilles : la bataille est lancée !

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