Elles s'appellent RTS, Radio One, ou Radio Clapas. Ces radios locales sortent d'un cauchemard de trois mois. Des annonceurs absents pour les radios commerciales. Si les radios associatives n'ont pas de ressources liées à la publicité, leur activité a aussi été touchée
Avec 9 fréquences réparties sur le versant Languedoc-Roussillon de a région Occitanie, RTS est la plus importante des radios commerciales indépendantes. Dès le confinement, ses annonceurs, dont l'activité s'est retrouvée au point mort, ont annulé leurs campagnes publicitaires.
Pour François-Xavier Delacoux de RTS, une radio de proximité est un révélateur de santé économique. Si un annonceur ralentit son activité, il va réduire ou même supprimer son budget communication. Mais le directeur exécutif de la radio FM soulève un paradoxe: " il y a des secteurs comme les piscines ou la plaisance qui ont traversé le confinement avec un carnet de commandes plein. Et ces clients n'ont pas besoin de communiquer, donc leurs campagnes de publicité ne sont pas au rendez-vous chez nous pour l’instant."Au mois d'avril, la station FM a vu son chiffre d'affaire baisser de 70%. Aujourd’hui, certains clients ne sont pas revenus sur les ondes. D'autres peinent à redémarrer, notamment dans le secteur du prêt-à-porter.
Pendant le confinement, RTS précise qu’elle a davantage donné la parole aux auditeurs, mais aussi aux commerçants qui pouvaient signaler sur les ondes leur ouverture.
Un retour des annonceurs progressif mais pas installé
La station FM envisage l'été avec beaucoup d'inquiétude dans la mesure où de nombreux clients sont des entreprises touristiques, comme les parcs aquatiques, dont la reprise est incertaine. Globalement, la radio, basée à Sète dans l'Hérault, s'attend à une perte de 30% par rapport au chiffre d'affaire de l'an dernier.François-Xavier Delacoux conclut : " Le conseil régional a demandé aux consommateurs de privilégier les circuits courts. Nous demandons aux partenaires institutionnels (mairies, offices de tourisme) de prioriser leurs campagnes publicitaires sur des médias locaux comme le nôtre, au lieu d'utiliser internet et notamment les GAFAM". [Ndlr : Géants du Web — Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft ]
Radio One rayonne elle autour du bassin de Thau, toujours dans l'Hérault. Elle possède 2 émetteurs, à Sète et Agde. Pour Olivier Coquin, son fondateur, les radios indépendantes sont sur la liste des oubliés du Covid.
Au mois d’avril, tout s’est arrêté, nous avons perdu 95% de nos rentrées financières. Nos annonceurs ont stoppé net, mais notre micro est resté ouvert !
Pendant le confinement, l’antenne de Radio One a renforcé les annonces de service et les communiqués des associations. Olivier Coquin ajoute qu’il a même offert des spots publicitaires aux clients qui maintenaient leur activité, comme les restaurants s’ouvrant à la vente à emporter. Avec 5 salariés, Radio One reste une PME, et n’a donc pas la trésorerie d’un groupe comme NRJ. La radio indépendante estime l’aide de l’Etat indispensable pour sortir d’une situation délicate. Radio One, tout comme RTS, demande l’annulation des charges sociales (et non leur report, selon la proposition du gouvernement).
Dans un communiqué, le syndicat des radios indépendantes (SIRTI) relaie l’inquiétude de ces radios commerciales de proximité, dont la publicité crée des emplois localement. Le SIRTI évoque 300 à 450 emplois menacés sur le territoire Français.Les radios associatives affectées par la crise sanitaire
Radio Clapas, station quadragénaire de la bande FM Montpelliéraine a fermé ses portes le 16 mars dernier. Par la voix de son directeur, la radio associative avoue qu’elle était obligée de renvoyer ses collaborateurs chez eux. « Clapas est une véritable fourmilière ! 65 animateurs bénévoles plus les permanents : ce sont 100 personnes qui se croisent dans nos locaux ». Pour ne pas exposer le personnel au Covid, Bruce Torrente a donc décidé de faire de la radio en télétravail. Pendant le confinement, Clapas a maintenu 60% de sa grille de programmes. Elle a même créé de nouvelles émissions.
Nous avons obtenu le label ‘ nation apprenante ’ avant ARTE.
Pendant trois mois, la FM s’est spécialisée « jeunes ». Elle a demandé à ses animateurs dont le métier touche à l’enseignement, de créer des cours. Au total 4h par jour de connaissances, de réflexion et de rythme. Le programme de l'après-midi se terminait par le ‘kids mix’, pour faire danser les juniors confinés.
Des pertes financières importantes
Durant le confinement, Radio Clapas a perdu 15.000 €. Cela peut sembler peu, comparé au budget d’une radio commerciale, mais pour une radio associative, c’est conséquent. Bruce Torrente précise que la radio n’a aucune rentrée publicitaire. " Nos seuls revenus proviennent d’opérations que nous montons avec des partenaires institutionnels ou privés. Si les événements s’arrêtent, nous en subissons les effets collatéraux ". En résumé, Clapas a vécu la crise Coronavirus de façon frontale, comme une entreprise de spectacles ou un festival. "Le problème ", ajoute le directeur de la station, " c’est qu’une radio associative ne peut prétendre aux mêmes aides qu’une Pme ".Des cigales sur le clapas
Le clapas, c’est un tas de cailloux. Par extension, la campagne languedocienne. Sur les ondes estivales de la radio ancrée dans son territoire, ce sont les cigales qui vont chanter. Une grille musicale qui sent bon le hamac, mais pendant ce temps, les piliers de radio Clapas bâtissent des projets pour garantir son avenir économique."La rentrée se fera sous le signe des masques et des micros protégés, mais nous reviendrons avec 52 émissions par semaine, et même notre premier cd enregistré au festival ‘ jazz à Junas’ ".