Pour leur retraite, Robert et Christiane Blanc ont planté des milliers d'oliviers à Saint-Géniès-des-Mourgues, près de Montpellier, dans l'Hérault. Une façon de valoriser le domaine familial, mais aussi de réaliser un rêve : produire sa propre huile d'olive de A à Z.
A 70 ans passés, Robert Blanc travaille encore sans compter. Il donne l'essentiel de son temps à ses 3.500 oliviers : de jeunes arbres qui produisent, bon an mal an, 4 à 7 tonnes de fruits. La retraite en pantoufles, ce n'est pas pour lui, ni pour sa femme Christiane, pour qui travailler l'huile d'olive est une joie, la faire déguster aussi.
Une huile qui se décline en différentes variétés, vendue environ 17 euros la bouteille. C'est le prix du marché pour un produit fait main. Un prix qui serait bien plus élevé si il fallait compter de l'huile de coude, selon le couple Blanc. Pour le moment, chez eux, la récolte se fait en famille et avec les amis.
Seule ombre au tableau : les dérèglements du climat, avec des hivers trop doux, et des étés interminables qui profitent aux parasites : la mouche de l'olive a ravagé 80% de la récolte française l'an dernier et la moitié de celle qu'espérait la famille blanc.
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Reportage I.Bris et J.Mörch
L'huile d'olive, bienfait de la Méditerranée, va se faire rare
L'huile d'olive, cadeau des Dieux de la Méditerranée qui, assure la science, rallonge la vie, va se faire rare cette année. La récolte désastreuse des olives cette année en Italie, comme dans une grande partie du sud de l'Europe, menace non seulement la survie de certaines exploitations, mais aussi la possibilité d'en trouver à bon prix.Les prix de gros de l'huile d'olive explosent, et les consommateurs à travers le monde vont certainement devoir payer plus pour ce produit de base du régime méditerranéen, dont les mérites sont vantés tant par les gourmets que les diététiciens.
En Italie, la Toscane et l'Ombrie, dont les collines hors du temps produisent une huile extra-vierge aux aromates subtils, sont particulièrement touchées par les conséquences du temps exécrable qui a dominé cet été.
En Espagne, d'où était sortie l'année dernière la moitié de l'huile d'olive produite dans le monde, c'est un cocktail de sécheresse et de bactéries qui risque de diviser la production par deux cette année.
Dans le sud de l'Italie, c'est une autre bactérie arrivée d'Amérique du Sud qui ravage les oliveraies.
La mouche de l'olive
Dans le coeur de l'Italie, où certaines huiles proposées dans des bouteilles de luxe sont examinées comme de bons vins par les connaisseurs, c'est la mouche de l'olive qui compromet la récolte.
Selon le Conseil international de l'olive, les prix de gros des olives ont déjà grimpé de 37% depuis 2013, la hausse des prix de l'huile pour les consommateurs pourrait dépasser les 60%.
La mouche de l'olive est très sensible au climat. Dans le centre de l'Italie, une combinaison d'hivers froids et d'étés très chauds permet d'empêcher son développement. Mais cet été, les températures dignes du nord de l'Europe et les fortes pluies ont favorisé le cycle de reproduction de l'insecte, qui pond ses oeufs sous la peau des olives.
Néanmoins, la situation n'est pas catastrophique pour tout le monde. La production d'olives a été très bonne cette année en Grèce et en Tunisie, où les producteurs espèrent pouvoir en profiter pour saisir une part du marché de l'huile haut de gamme. Et la hausse record des prix incite aussi à planter dans des zones où l'olive n'est pas une tradition ancestrale. Selon de nombreux experts du secteur, l'Australie a tous les atouts pour devenir un géant de l'olive.