Pour avoir violé et assassiné Agnès, 13 ans, et pour le viol d'une autre jeune fille de 16 ans, Matthieu, un Gardois de 19 ans, écope de la réclusion criminelle à perpétuité. Il fait appel de cette peine, la plus lourde jamais infligée en France à une personne mineur au moment des faits.
Réclusion criminelle à perpétuité: c'est la peine infligée à Matthieu, 19 ans, par la cour d'Assises des mineurs de Haute-Loire. Ce Gardois, mineur au moment des faits, comparaissait pour le viol et l'assassinat d'Agnès, 13 ans.
C'était en 2011, aux abords du collège-lycée Cévenol du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), où les 2 adolescents étaient pensionnaires.
Le jeune homme devait aussi répondre du viol d'une autre jeune fille de 16 ans, un an plus tôt, dans le Gard.
4 heures de délibéré et un appel
Ce samedi matin, les avocates du jeune homme annoncent leur décision de faire appel.
La Cour est donc allée au-delà des réquisitions du Ministère Public. Celui-ci avait réclamé 30 ans de prison, écartant l'excuse de minorité qui aurait limité à 20 ans la peine encourue.
Jeanne-Marie Vermeulin, l'Avocate générale, avait estimé "ultra dangereuse" la personnalité" de l'accusé, se montrant pessimiste sur ses chances "d'amélioration".
Après un délibéré de plus de 4 heures, la cour a donc tranché pour la perpétuité, la peine la plus lourde jamais infligée à un mineur en France. Seul Patrick Dils avait écopé d'une sanction aussi lourde, le 27 janvier 1989 pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz (Moselle), avant d'être acquitté.
Les parties civiles entre surprise et satisfaction
A l'énoncé du verdict, les parties civiles ont exprimé à la fois leur satisfaction et leur surprise quant à la lourdeur de la peine. Pour l'avocat de la famille d'Agnès, maître Francis Szpiner : "les jurés avaient voulu écarter le meurtrier d'Agnès afin qu'il ne puisse pas commettre un nouveau crime", avant d'ajouter: "à assassin hors normes et crime hors norme, verdict hors norme".
Pour Frédéric Marin, le père d'Agnès, "il était important de mettre cet individu à l'abri de toute tentation".
Enfin Maître Valérie Devèze-Fabre, avocate de Julie, la première victime de Matthieu violée en août 2010, a estimé que sa cliente avait "l'impression que justice [lui] a été rendue".
L'attitude de Matthieu l'a-t-elle desservi?
A l'énoncé du verdict, Matthieu n'a montré aucune réaction. Ses parents, visiblement sonné, sont sortis sans un mot et ses 2 avocates n'ont fait aucune déclaration.
Durant ce procès qui s'est déroulé en grande partie à huis clos, Paola Marin, la mère d'Agnès, a décrit Matthieu comme un accusé "complètement
absent, qui ne montre aucune empathie et qui s'est endormi pendant qu'on montrait les photos de l'autopsie".
Un accusé qui est demeuré prostré, tête dans les genoux, durant tout le réquisitoire.