Deux mineurs isolés ont été arrêtés après avoir cambriolé deux commerces dont une pharmacie. Un fait-divers qui relance la polémique sur la prise en charge de ces jeunes, compliquée par le confinement. Dans l'Hérault, des centres de vacances ont été réquisitionnés pour mieux les prendre en charge.
Le 2 mai, vers 5 heures du matin, deux mineurs isolés ont fracturé une pharmacie pour y voler le contenu du tiroir-caisse selon les informations de la police nationale à Perpignan.
"Prévenus par le voisinage, deux équipages de la section de nuit se rendaient sur place alors que les cambrioleurs continuaient leur périple et jetaient leur dévolu sur une pizzeria dont ils brisaient une fenêtre et dans laquelle ils pénétraient."
C'est à ce moment-là que les policiers ont arrêté les deux jeunes, âgés de 17 ans et équipés d'un pied de biche, de marteaux et de tournevis.
Placés en garde à vue, ils ont reconnu les faits et ont été déférés devant le Parquet des mineurs du tribunal judiciaire de Perpignan.
Une série de vols dans les pharmacies de l'Hérault
Entre fin décembre 2019 et fin février 2020, une vingtaine de pharmacies de l'Hérault ont été cambriolées.Le 26 février, cinq mineurs isolés ont été interpellés pour certains de ces vols.
Le président de l'Ordre des pharmaciens de l'Hérault expliquait alors que des pharmaciens "ont été victimes trois fois de cambriolages en peu de temps. Ils sont remontés mais aussi inquiets."
Ces cambriolages ont surtout mis en lumière la délicate question de la prise en charge des mineurs isolés, qui relève des missions des conseils départementaux.
Ces jeunes mineurs isolés sont logés dans des hôtels avant d’être pris en charge par les services compétents puisqu'il faut d'abord déterminer leur âge, entre 15 et 18 ans.
Une procédure complexe, décriée quant à sa fiabilité par les associations, mais surtout longue.
En attendant qu'une décision soit prise par le procureur, un éducateur vient les voir à l'hôtel. Les jeunes ont droit à deux tickets repas par jour et reçoivent vingt euros toutes les deux semaines.
La première chose que le conseil départemental fait c’est qu’il place les mineurs isolés dans des hôtels pour les mettre à l’abri. Mais le vrai problème c’est que ces jeunes peuvent y rester pendant plusieurs mois voire des années avant d’être pris en charge dans des foyers adaptés", se désolait début mars Sophie Mazas, avocate et présidente de la Ligue des droits de l'Homme de l'Hérault.
Dans l'Hérault, le Conseil Départemental a expliqué plusieurs fois manquer de moyens pour prendre en charge des jeunes de plus en plus nombreux.
Mais les polémiques politiques sont ravivées à chaque fait-divers impliquant ces jeunes mineurs isolés, proies faciles pour les réseaux de délinquance.
Une expérience d'hébergement en foyer pendant le confinement
Dans l'Hérault, l'ensemble des acteurs de la prise en charge des mineurs isolés, préfecture, conseil départemental et associations, a rassemblé 45 jeunes dans un centre de vacances à Palavas-les-flots, pour toute la durée du confinement.
Des éducateurs et des animateurs sportifs assurent soutien scolaire et psychologique, activités physiques et suivi médical.
Dans les Pyrénées-Orientales à Perpignan, un projet du Conseil départemental visant à créer une centre d'hébergement pour mineurs isolés dans un ancien hôtel du centre ville a été bloqué en juillet 2019 par la municipalité.
Début avril, c'est la commune de Saint-Jean-de-Védas dans l'Hérault qui refusait le projet d'un centre d'hébergement sur sa commune. Projet formellement démenti par la préfecture de l'Hérault.
L'hébergement des mineurs isolés, en sécurité et avec une prise en charge adaptée, reste une question cruciale.
Et toujours sans réponse, alors que le nombre de ces jeunes n'a cessé d'augmenter ces dernières années.